Jalousie

New York City – credit: @DronalistDailyDose YouTube

Communication préparatoire 44

“Sur la jalousie. Il n’y a pas de plus grand piège pour l’ego que cette contrefaçon de l’amour qui, en fait, n’est pas amour, mais possession de l’autre. Car elle maintient vivante la crainte d’être seul. La jalousie opte, sans le faire …” BdM

 

En Français vous lisez la transcription manuelle de la conférence de BdM, dans une autre langue la traduction par une intelligence artificielle (AI) de cette transcription manuelle, donc le résultat est à interpréter avec discernement.

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Sur la jalousie.

Il n’y a pas de plus grand piège pour l’ego que cette contrefaçon de l’amour qui, en fait, n’est pas amour, mais possession de l’autre. Car elle maintient vivante la crainte d’être seul. La jalousie opte, sans le faire savoir, pour que l’on s’occupe de soi, même au prix de ne pas être parfaitement aimé. La jalousie est le comble du désespoir non affiché que crée en celui qui croit vraiment aimer, la vanité de son désir, c’est-à-dire la vanité de croire qu’il, ou qu’elle, est indispensable à la vie de l’autre.

Celui qui est jaloux dans l’amour, n’est en fait, qu’inquiet en lui-même de ses possibilités. Mais la jalousie ne se retrouve pas seulement dans l’amour, elle se retrouve aussi dans la passion des choses, là où l’on découvre la compétition des ego. Le succès de l’un peut engendrer la jalousie chez l’autre, mais une autre catégorie de jalousie qui n’appartient pas tellement aux sentiments comme aux attitudes, telle l’envie.

L’envie est une sorte de jalousie. Une sorte de jalousie qui se manifeste en soi, mais qui demeure muette, cachée au fond de soi-même, et dont le visage n’apparaît que rarement dans les sentiments de la vie. L’envie veut copier l’autre et veut s’allaiter, de par ses désirs irréconciliables avec la vie de soi, de ce que l’autre a pu faire naître des possibilités de sa propre vie.

Si nous revenons à la jalousie dans le sentiment d’amour, cette fleur de l’amour enfantin, de l’amour sans puissance, car dénué d’intelligence et de bon sens, nous voyons qu’elle occasionne chez celui qui en est le porteur une suite sans fin de sentiments et de pensées qui ajoutent, de par leurs présences, à une sorte de désir de créer entre celui qui a l’impression d’aimer vraiment, et l’autre, une tension, une sorte de rejet psychologique afin d’attirer par ce bluff la personne par laquelle on veut être aimé à tout prix.

Si la jalousie dépasse la normalité, elle cesse d’être simplement un sentiment dépourvu de raison pour devenir une sorte de faute majeure dans le ton général du tempérament. Et avec le temps, elle se dessine de plus en plus pour devenir la marque propre de cette personnalité qui ne peut plus vivre seule, c’est-à-dire sans le secours que peut lui fournir l’autre, l’objet du faux amour.

Même si l’amour est sincère ou même grand, il ne peut être réel, car il est fait de faiblesse. Et cette contrefaçon de l’amour ne peut que se terminer en échec, car l’âme se sert toujours des faiblesses de l’ego pour le faire souffrir, pour le faire évoluer, afin qu’elle-même puisse évoluer et enregistrer de plus en plus une variété d’expériences liées à cette souffrance.

Si l’ego, l’Homme planétaire, connaissait les lois de l’âme, il verrait sans difficulté qu’il n’est qu’un portrait-robot dans l’évolution de l’âme. Et tant qu’il demeure portrait-robot, il ne peut être cosmique, c’est-à-dire libre des conditions que lui impose l’âme, afin de soulever en lui des expériences qui serviront d’autres plans de vie, d’autres êtres qui viendront dans un futur quelconque habiter un corps matériel.

Et le cirque de la vie continue, jusqu’au jour où l’Homme comprenne que tout ce qui émane de lui et le fait souffrir provient d’un manque d’intelligence et de volonté. Regardez ceux qui souffrent de la jalousie, et vous y découvrirez un manque d’intelligence et de volonté que l’on peut appeler dans le langage populaire, “le gros bon sens”.

La jalousie, en fait, est une vibration qui pénètre le mental et l’émotif de l’Homme et le soumet à une variété d’émotions et de pensées qui font de lui un pantin, non pas de l’autre, mais de lui-même. Et ce lui-même n’est jamais réel mais fictif, c’est-à-dire qu’il se donne l’allure de son sentiment pour s’empêcher de faire face à la musique de la vie, celle qui lui chante le réel de sa situation, si seulement il voulait bien l’écouter et l’entendre. Mais non, il ne veut pas écouter, car il sait trop bien qu’il lui faudrait aller plus loin dans son expérience, et ceci requiert de la force, du caractère, de la volonté, de l’intelligence.

La jalousie est d’autant plus difficile à surmonter que celui qui en est victime ne réalise pas très souvent que la condition même de sa vie vis-à-vis de l’autre crée cette situation, et que l’autre n’en est pas moins infecté, bien qu’il n’en soit pas affecté au même degré. Celui qui souffre de jalousie ne réalise pas qu’il y a en lui des aspects qui créent chez l’autre des reculs, et ce n’est que dans l’approfondissement de cette étude de soi-même que l’on peut et doit comprendre pourquoi l’autre vit un recul vis-à-vis de soi-même.

Mais la jalousie n’est pas toujours ardente. Souvent des fois, elle se dissimule derrière une crainte voilée, non exprimée, de perdre celui que l’on aime, à un autre, ou une autre plus grande que soi, dans un domaine quelconque de l’expérience. Et cette sorte de jalousie, “renforcie” par l’insécurité de soi-même vis-à-vis d’autres êtres qui peuvent venir en contact avec celui que l’on aime, crée chez soi une sorte d’insécurité qui peut devenir maladive à la longue, surtout si l’on réalise, pour des raisons fictives, que l’on n’a pas l’étoffe nécessaire que l’on découvre dans l’expérience des grandes conquêtes.

Celui qui souffre de jalousie ne souffre pas tellement de ne pas être aimé tel qu’il le désirerait, mais de son incapacité de se libérer de son sentiment sincère fondé sur un amour faux, c’est-à-dire un amour qu’il ne peut vivre car il n’est pas présent, c’est-à-dire qu’il n’est que le reflet d’un mirage que son désir veut à tout prix maintenir dans le champ de la vie, alors que la vie n’est qu’un champ d’expériences que seules la volonté et l’intelligence réelles peuvent sillonner et labourer à la fois.

Si l’Homme vivait dans l’intelligence et la volonté supramentales, il verrait très rapidement au travers les voiles que lui impose l’âme, et se désengagerait sans contrainte de ses douleurs que lui cause un amour fondé sur la faiblesse. Il verrait sans difficulté que l’amour jaloux n’est pas un amour réel, bien qu’il soit sincère, et il comprendrait que la sincérité est la couleur astrale de l’émotion, et n’est pas nécessaire là où il y a intelligence et volonté réelles.

Il verrait que l’être conscient n’a pas besoin de sincérité pour aimer, puisque l’amour conscient n’est pas fondé sur le sentiment de l’homme pour la femme, mais sur le lien de leur esprit et l’accord entre leur esprit et les sentiments réciproques qu’ils ont l’un pour l’autre dans l’affection de leur vie.

Car en fait, là où il y a de l’amour conscient, il n’y a qu’affection et non sentiment. Car l’affection est la nature intelligente de l’amour, alors que le sentiment est la nature astrale, planétaire, de l’amour. Là où il y a sentiment d’amour, il y a découverte de soi-même, et recherche de l’autre pour faciliter cette découverte. Alors que dans l’affection de l’amour, il n’y a que détachement de soi-même envers l’autre, afin de lui faire sentir la présence de l’amour, c’est-à-dire la présence de son esprit qui se lie à l’esprit de l’autre par la démonstration affective et intelligente de l’amour conscient.

Mais les Hommes ne sont pas prêts universellement à cette expérience de l’amour conscient. Car ils ont encore trop à apprendre du sentiment de l’amour, du faux sentiment dans l’amour, et du faux sentiment de l’amour, qui empêche un être d’aimer un autre être sans le posséder le moindrement. Pour aimer consciemment, il faut bénéficier de l’intelligence interne, de cette intelligence qui éclaire, mais n’abrutit pas pour quelque raison que ce soit, car elle est libre des passions de l’ego, des sentiments de l’ego.

La jalousie dégage chez celui qui en est affecté une sensation de ne pas être ressenti dans son amour pour l’autre. Et ceci est un piège, car bien que cela soit vrai, il y a tout de même un élément manquant qui empêche l’union des deux êtres, et cet élément manquant ne peut être espéré, car déjà il ne fait pas partie du plan de vie du couple qui souffre dans l’amour. Alors il ne reste qu’à réaliser que s’il y a élément manquant qui soulève cette passion dans un parti, ce dernier doit élever son regard au-delà de la limite émotive qu’il ou qu’elle se crée, afin d’aller plus loin dans la recherche de l’équilibre désiré et désirable.

Mais trop souvent, ceux qui souffrent anormalement de jalousie se conditionnent à leur état et en souffrent pendant de longues périodes, car ils n’ont pas la volonté et l’intelligence intérieures suffisamment développées pour réorienter leur vie, et la restabiliser dans un contexte nouveau. Ces gens risquent de perdre tout, car là où la jalousie entraîne une souffrance, elle ne crée pas non plus de bonheur. Il n’est pas utile à l’homme ou à la femme jalouse d’entretenir l’espoir ou l’amertume, car ces deux aspects de la douleur ne peuvent mener l’être qu’à l’échec.

La vie est une confrontation entre l’émotion et l’intelligence, et le plus souvent l’émotion est vainqueur. Mais si l’intelligence se manifeste au-dessus de l’émotion, elle la transperce et en détruit l’inutilité, cette sorte d’inutilité qui sert bien l’évolution de l’âme, mais détruit l’Homme, l’ego.

Et tant que l’Homme n’aura pas cessé de s’entretenir des conceptions antiques de la vie inconsciente et souffrante, il ne pourra pas bénéficier de ce qu’il est, c’est-à-dire de ce qu’il peut être lorsqu’il est dans le pouvoir de l’intelligence et de la volonté supérieures en lui, de cette lumière qui éclaire tout, même les sombres tableaux peints par l’émotivité et l’insécurité de l’ego.

Tant que la jalousie ronge, elle détruit les fibres de la volonté et affaiblit la lumière de l’intelligence dans l’être, de sorte qu’avec le temps, l’analyse, le raisonnement, et toute forme subtile d’abrutissement, viendront au secours d’un être épuisé dans son intelligence et faible dans sa volonté.

L’Homme est sur le plan matériel pour vivre et non pour mourir, pour bien vivre et non pour souffrir. Mais l’intelligence et la volonté sont tellement au-dessus de lui-même que seule son émotivité règne, et seule sa solitude piteuse réussit à lui donner la pitance d’une vie à laquelle il n’a droit que par faiblesse.

L’être qui se conscientise doit briser les chaînes de ses illusions, de ses grands et bons faux sentiments, surtout ceux qui sentent la sincérité à outrance et qui tuent sa vie, car l’être n’a plus la volonté ni l’intelligence de la vie comme elle doit être vécue.

Sont jaloux ceux qui n’ont pas compris que l’Homme centrique, conscient, n’a pas besoin du sentiment qu’il entretient, d’être aimé pour vivre, à moins qu’il soit aimé vraiment. Et un être qui est vraiment aimé ne peut souffrir de jalousie, car la cause n’est plus. Mais s’il y a cause, qu’elle soit déracinée et non patchée, comme l’on fait pour un mur de plâtre où la fissure déjà apparaît. On a beau dire que le mur a été réparé, mais un mur réparé n’est jamais tel un mur en parfaite condition. Et beaucoup d’êtres vivent un amour en constante voie de réparation. Et ils se demandent sottement, pourquoi l’air frais continue de temps à autre à passer à travers la fissure.

Mais l’être jaloux ne connaît pas l’intelligence, il ne connaît que son amour sincère, mais surtout son amour fondé sur l’insécurité de sa vie. Pourquoi ? Parce que la volonté et l’intelligence réelles n’ont pas encore été réalisées en lui.

La jalousie possède un visage qui cache des manœuvres pouvant facilement figer dans la culpabilité celui qui en est la victime. Souvent l’être qui aime jalousement menacera son partenaire afin de le rapprocher de lui-même. Et ses menaces de toutes sortes peuvent facilement atteindre un partenaire faible en volonté et en intelligence, la culpabilité s’inscrira facilement sur le tableau de ses sentiments diminués, et le jeu peut risquer de s’éterniser pour le mal des deux otages de la faiblesse.

Mais comme toutes choses, la jalousie se guérit chez qui veut bien. Et l’un des meilleurs remèdes est la réalisation que si l’on n’est pas aimés d’égal à égal, on ne doit pas perdre son temps, son énergie, et vivre d’espoir et d’illusion. On doit se lever et marcher, aller de l’avant et ne plus jamais regarder en arrière. On s’aperçoit bientôt que le monde est rempli d’êtres qui s’offrent d’aimer mieux que celui que nous avons laissé derrière. Et la vie recommence.

Mais ceci n’est pas facile à vivre, car aimer sans être aimés en retour nous atteint tellement dans notre amour-propre, que l’ego ne veut pas l’admettre, ne veut pas faire face au jeu de la vie. On croit perdre, et on ne veut pas perdre, et c’est justement ici que l’on perd réellement.-

Car dans la vie, on doit perdre quelque chose pour gagner autre chose. C’est une loi de la vie. Jusqu’au jour où, remplis de l’intelligence et de la volonté réelles, on ne peut plus perdre, car l’on n’est plus attachés à rien qui vaille la peine d’être possédé ou perdu, même l’amour d’un être. Car enfin, l’amour d’un être pour un autre n’est qu’un échange ! Et si échange il y a, tant mieux, mais si échange il n’y a pas, tant pis, on se lève et on marche plus loin, c’est ça la vie !

Le malheur de la jalousie, c’est l’énorme perte d’énergie émotive que vit celui qui est mal aimé. Et cette perte d’énergie ne fait que s’aggraver avec le temps, car celui qui est mal aimé sera toujours mal aimé. Et cette perte d’énergie ne peut s’équilibrer, car elle domine la partie la plus sensible et la plus faible de l’Homme : le cœur. Ce qui entraîne une perte d’esprit, c’est-à-dire d’énergie vitale dans le corps astral. Ceci réduit la vitalité de l’être et lui nuit, car ses possibilités sont mises en arrêt, et son pouvoir de vivre diminué selon son attachement à l’amour faible qu’il entretient depuis si longtemps.

L’amour réel, c’est fort ! Ce n’est jamais faible. Et s’il y a faiblesse dans votre amour, ce n’est pas de l’amour réel, c’est le sentiment de l’amour déjà atteint par la rouille qui s’installe dans la jalousie. L’équilibre entre deux êtres ne peut être réduit ou détruit si l’amour est situé dans l’esprit. Mais là où l’amour est situé dans le sentiment seulement, il y a toujours possibilité de jalousie, car la jalousie est le propre de l’amour dans le sentiment, puisque c’est du sentiment mal façonné qu’elle naît.

La jalousie engendre dans l’homme un effet différent que chez la femme. L’homme jaloux est blessé dans son ego et son orgueil en porte la marque, car l’homme, depuis toujours, s’est réservé le droit de posséder. Tandis que la femme, elle, qui est jalouse, ne l’est que par omission de son droit de posséder. Et si elle est jalouse, sa souffrance ne la frappe pas dans son orgueil, mais dans son droit, dans la sincérité de son amour. Alors la jalousie de la femme est beaucoup plus saine et raisonnable que chez l’homme, bien qu’elle demeure toujours une limite dans son intelligence et sa volonté réelles.

Alors que l’homme jaloux intervient avec colère, la femme jalouse intervient avec les larmes, et les deux êtres sont coupables à la fois du manque d’intelligence et de volonté réelles.

Bien que la jalousie soit normale chez tout être raisonnable et planétaire, elle devient irraisonnable chez tout être intelligent et volontaire, car elle ne dépend pas du réel dans l’Homme, mais du fictif, du sincère ou de l’irraisonnable, selon votre choix. Là où la jalousie s’installe profondément chez un être, il ne faut pas lui chercher querelle car cette affliction est grande et profonde. Il faut surtout l’aider à comprendre et à voir clair.

La jalousie entrave le développement normal et naturel du comportement de l’être affecté, car elle détruit, à son insu, la volonté de se déchaîner. C’est un cercle vicieux : Sans volonté, on ne peut rien, et la jalousie la détruit. Alors comment s’en sortir ? Eh bien, la vie s’en charge, car bien qu’un être soit jaloux, l’autre en est aussi victime, mais de manière différente. Et c’est souvent l’autre qui forcera le jaloux à céder devant l’inévitable, devant la défaite. Alors la vie sera sombre pour quelque temps, mais recommencera dans un avenir prochain.

Le jaloux ne voit jamais poindre l’aube, car son sentiment d’amour trahi lui enlève toute l’énergie dont il a besoin pour voir un lendemain. Mais bien que sa faiblesse soit d’égal avec son manque de volonté, il doit se réveiller un jour, émerveillé de sa libération et fou de joie d’avoir réalisé enfin qu’il avait été fou de peine.

La jalousie demeurera chez les Hommes tant et aussi longtemps qu’ils n’auront pas compris que l’amour humain, l’amour planétaire, l’amour des sentiments et dans les sentiments, est savamment mesuré par les dieux, par les forces de l’âme, et que cette mesure est toujours à la mesure de l’intelligence et de la volonté réelles. Tant que les Hommes ne seront pas dans l’intelligence et la volonté réelles, ce sera l’âme en eux qui dictera, à leur insu, la mesure de leur souffrance et la mesure de leur joie.

C’est pourquoi l’Homme doit inévitablement, au cours de l’évolution future de l’Humanité, transformer complètement son point de vue, c’est-à-dire son point de repère vis-à-vis de la vie et ce qu’elle lui présente. Afin de pouvoir, enfin, transgresser intelligemment et volontairement les lois anciennes et astrales de son comportement social, sinon il risque de demeurer de plain-pied dans le sable mouvant de l’expérience et ne jamais en sortir, car la vie telle que la connaît l’Homme planétaire n’est pas sous son contrôle, puisqu’un libre arbitre en est une de ses illusions.

Pour que l’Homme vive, il faut qu’il meurt. Pour que l’expérience ne lui serve plus, il faut qu’il soit dans l’intelligence et la volonté, et non dans l’émotion et l’intellect.

La jalousie est une étude profonde des mœurs de l’Homme, et révèle que l’Homme, dans sa jalousie, est la risée des dieux, des forces de l’âme. Et nul autre que lui-même ne peut sortir vainqueur de ce cirque théâtral, où la bête, l’Homme, mange la bête, l’Homme. Car dans le phénomène de la jalousie, l’être jaloux se nourrit de l’être qui ne l’aime pas ou l’aime mal. Et celui qui aime mal vomit la nourriture qui nourrit l’autre. De tels êtres sont tous les deux malheureux et engendrent le malheur dans leur maison, car tout en eux et autour d’eux est empoisonné.

Le poison ne s’améliore pas, et le dénouement, c’est la haine. Que l’on haïsse de faiblesse ou de rage, c’est la même chose. Celui qui est jaloux en vient à haïr, car son amour n’est plus réfléchi, il s’est précipité, il s’est transformé en haine. Et celui qui aimait mal et sentait parfois de la culpabilité, ne ressent maintenant que du dégoût, car il a vu au cours de l’empoisonnement, le vilain, sinon le vil, sortir de l’amour jaloux de l’autre. Il s’aperçoit qu’il est temps enfin de partir. Le temps arrange les choses, et tout retombe dans un ordre nouveau.

Le jaloux reste seul, léchant ses plaies, mais ne fermant pas la porte à un amour plus heureux, mais demeurant circonspect dans son attente. L’autre, ne pouvant croire ses yeux ni ses oreilles, d’avoir si longuement souffert d’être aimé par un jaloux, alors que lui tournait son dos à l’apothéose de l’autre. Que la vie est drôle et apparemment contradictoire, n’y croyez rien ! Il n’y a pas de contradiction ni d’absurde dans la vie. Il n’y a que l’absence de l’intelligence et de la volonté réelles dans l’Homme. Si la vie a créé les trois règnes inférieurs dans une telle harmonie, pourquoi y aurait-il de la contradiction ou de l’absurdité dans le quatrième ? Est-ce la faute de la vie, ou de l’ignorance de l’Homme ? La réponse est écrite dans votre tête, ne la cherchez pas dans votre cœur, vous risquez de la compromettre.

La jalousie contient quatre vices, c’est-à-dire qu’elle est constituée de quatre éléments qui nuisent à l’Homme : l’insécurité, l’espoir, la sincérité et le sentiment. Ces quatre éléments, tous du point de vue de la conscience supramentale, définissent la raison pour laquelle l’être jaloux est un être malheureux, et pourquoi son malheur doit durer tant qu’il n’a pas éliminé de sa vie ces quatre éléments qui le conforment à leur règle de jeu, c’est-à-dire à la déchéance de l’intelligence et de la volonté.

La jalousie n’est pas seulement une faille dans le caractère, elle représente aussi une contrition sans cesse de l’Homme, une dégénérescence de son individualité qui le mène nulle part, puisque l’être jaloux ne pourra jamais vivre son amour en “partnership” (partenariat) un avec l’autre, d’égal à égal, car l’autre ne l’aime pas. Si un être se réveille un jour et sent en lui la jalousie, il vaudrait mieux que cet être s’arrête un moment sur lui-même et se voie dans l’esprit de l’autre, et regarde froidement si l’autre en est la cause ou si lui en est la cause. Et dans les deux cas, il devra s’aviser, car s’il en est la cause, l’autre le délaissera par dégoût. Et si l’autre en est la cause, déjà il l’a laissé derrière. D’une façon ou d’une autre, l’on devra ouvrir un nouveau livre et essayer ailleurs et autrement.

Souvent l’être jaloux exige que l’autre lui démontre quelques sentiments, afin de le rassurer. Mais ne réalise-t-il pas que peut-être l’esprit de l’autre évite de telles sérénades, car justement il sent qu’elles sont en dessous du sens réel de son amour, dans ce sens qu’il n’a pas, ou ne ressent pas le besoin de toujours avoir à prouver qu’il aime pour rassurer celui qui est jaloux ? C’est une perte d’énergie.

Un amour réel ne nécessite pas de sérénades. Ces formes enchanteresses de l’amour ne servent qu’à fortifier, contre le temps souvent, des remparts un peu affaiblis. Et de telles fortifications, bien que temporairement réconfortantes pour celui qui souffre de jalousie, ne représentent aucunement de sécurité réelle pour lui, car l’amour ne s’ordonne pas. L’amour entre deux êtres est déterminé par des forces au-dessus d’eux-mêmes, et ce n’est que lorsqu’ils sont dans l’intelligence de ces forces que leurs liens deviennent de plus en plus une substance et définissent leur relation future.

L’être jaloux veut constamment être prouvé que l’amour de l’autre pour lui, est intact. Et ceci est irréel. Car tant que l’Homme n’est pas dans l’intelligence et la volonté de sa vie, cette dernière ne sera qu’un champ d’expériences servant à toutes les sauces, à toutes les démarches vers le perfectionnement de sa conscience émotive et mentale.

Nous croyons que nous sommes seuls sur le plan matériel, lorsqu’en fait notre solitude, notre identité, n’est réelle que lorsqu’elle est comprise dans le cadre du rapport avec les intelligences qui nous guident, sans que nous puissions consciemment intervenir dans la compréhension de leurs activités. C’est alors que nous sommes seuls sans être seuls, car nous ne souffrons plus d’insécurité vis-à-vis de l’autre.

Lorsque nous pénétrons le voile de notre vie, nous voyons très bien que notre jalousie ne provenait que du manque d’intelligence et de volonté, et que notre amour sincère n’était qu’un moyen de nous faire souffrir dans notre condition humaine. Mais l’Homme doit un jour se libérer de sa condition humaine, et doit voir les choses telles qu’elles sont. Il s’aperçoit alors que même s’il est mal aimé, ça n’a plus la même importance, et que tout se change, tout se transforme, et que déjà il est temps de regarder ailleurs, de voir ailleurs, afin de poursuivre, sans perte d’énergie, le tracé de vie que l’on veut bien vivre consciemment et non par habitude.

Tant que l’être jaloux n’aura pas vu la stupidité de sa jalousie, il ne pourra découvrir la clé de vie qui puisse lui ouvrir la porte de l’amour réel. Car il sera toujours dominé par les quatre éléments qui permettent que la jalousie détruise, en soi et en l’autre, la possibilité d’être unis dans l’esprit, c’est-à-dire unis au-delà de nos faiblesses caractérielles.

L’Homme doit comprendre que la vie inconsciente sur le globe est une domination, et que toute expérience ressort de cette domination. Et tant qu’il n’a pas compris ceci, il doit souffrir cette condition humaine. Il doit comprendre que l’intelligence et la volonté réelles sont les seuls piliers de la vie terrestre, et que toute manœuvre hors de ces deux principes ne peut que lui apporter amertume, quel que soit le raisonnement ou le sentiment qu’il voudrait apporter.

La jalousie étant la grande maladie de l’amour, elle est aussi une des grandes maladies de l’Homme. Car elle découle de sa faiblesse, de son manque d’individualité réelle, et sert à fortifier son sentiment de sincérité qui, en fait, n’est que l’impotence de sa volonté et de son intelligence face-à-face avec l’expérience qui doit être dépassée, afin qu’il puisse être libre en lui-même et envers l’autre.

La jalousie est le maintien dans l’Homme, tant qu’il n’en est pas conscient, de sa folie d’aimer, c’est-à-dire de sa folie de mal aimer et d’être mal aimé, c’est-à-dire de sa folie d’avoir à être aimé afin d’être lui-même. C’est le comble de l’absurdité du sentiment de l’homme envers la femme, ou vice versa, car au lieu de rendre ces êtres grands l’un envers l’autre, il les diminue dans leur statut, puisqu’ils n’ont plus de pouvoir par eux-mêmes.

La jalousie existe parce que l’Homme a peur d’être seul, et sa solitude est fictive car l’Homme n’est jamais seul. Mais le prix d’en découvrir la réalité ne peut être fixé par la jalousie, car elle affaiblit son intelligence et bloque l’énergie émotive qui doit être libérée afin de permettre à l’intelligence d’éclairer l’expérience et la resituer dans un cadre réel, afin que l’être jaloux altère son comportement égocentrique pour adapter un centrisme à l’épreuve de toute expérience, où l’insécurité est fille de la crainte et de la peur d’être seul.

Deux êtres aimant ensemble, peuvent construire. Si l’un des deux n’aime pas, c’est simplement que l’expérience doit se rectifier ou prendre une autre direction.

La conscience supramentale désengage l’Homme de sa petitesse d’esprit, produit d’un état émotif, conditionné, et subjectif à la personnalité prisonnière. Cette grande conscience ouvre l’Homme à lui-même, de sorte qu’il ne peut plus être aveuglé par les mécanismes qui affectent sa réalité et diminuent cette réalité, c’est-à-dire vitale, en relation avec un autre, que s’il y a échange à parts égales. Tout autre contrat est un abrutissement et ne sert qu’à l’expérience de l’âme, aux dépens de l’ego.

Or, c’est l’ego qui doit dominer la vie, et non l’âme. C’est l’ego conscientisé qui a le pouvoir sur la vie, et non l’ego inconscient. Et “conscience” veut dire union active de l’intelligence et de la volonté supramentales.

Les êtres qui vivent d’amour humain ne pourront jamais connaître l’amour cosmique ou l’amour réel, car leurs sentiments œuvreront toujours contre le vrai sens de la vie. Ils seront toujours tristes, car la vie inconsciente ne comporte aucune joie permanente, et tout bonheur irréel est temporaire.

mise à jour le 21/08/2024

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