Faire mal sans s’en rendre compte

New York City – credit: @DronalistDailyDose YouTube

Communication préparatoire 208

« Souvent les Hommes disent : “Je ne fais pas pour faire mal”. Mais les Hommes font mal, et la raison pour laquelle ils font mal malgré eux-mêmes, c’est parce qu’ils ne sont pas capables instantanément de voir le manque d’intelligence dans … » BdM

 

En Français vous lisez la transcription manuelle de la conférence de BdM, dans une autre langue la traduction par une intelligence artificielle (AI) de cette transcription manuelle, donc le résultat est à interpréter avec discernement.

écouterregarder sur YouTube

Souvent les Hommes disent : “Je ne fais pas pour faire mal”. Mais les Hommes font mal, et la raison pour laquelle ils font mal malgré eux-mêmes, c’est parce qu’ils ne sont pas capables instantanément de voir le manque d’intelligence dans l’impression qu’ils ont de leurs actions ou de leurs paroles. Ils ne sont pas capables dans un instantané de se détacher égoïquement de la valeur qu’ils donnent à cette impression, ils vivent d’impression intérieure au lieu de vivre d’intelligence créative gratuite et sans relation du tout avec l’égoïcité du mental inférieur.

Si les Hommes font mal sans faire exprès, si les Hommes font mal malgré leur bonne volonté, c’est qu’ils ne sont pas arrivés à avoir vu à travers le piège que l’ego leur tend chaque fois que ce dernier se place entre eux et leur propre lumière. C’est pour cette raison, d’ailleurs, qu’il est difficile à l’Homme d’en arriver avec rapidité à la réalisation parfaite de sa conscience. Faire mal sans vouloir le faire est moins intelligent que faire mal en voulant le faire.

Si une personne fait mal parce qu’elle veut le faire, ceci dénote une déformation profonde de l’ego sur le plan de l’âme. Mais si une personne fait mal sans vouloir le faire, ceci démontre une absence totale de psychologie égoïque, de science intérieure et d’intelligence créative.

Une personne qui fait mal et qui a l’habitude de faire mal sans vouloir le faire est une personne qui, pour toutes sortes de raisons, est forcée de vivre une expérience qui l’amènera éventuellement à voir clair à travers ses illusions. Et cette expérience sera nécessaire, elle sera peut-être longue parce que les voiles de l’ego sont épais, les voiles de l’ego vont profondément dans la nature de l’Homme et empêchent que ce dernier puisse se dissocier de son corps de désir.

Faire mal sans vouloir le faire veut dire posséder un corps de désir trop vibrant, c’est-à-dire un corps de désir à l’intérieur duquel la relation entre l’intelligence créative et le plan mental de l’Homme est constamment troublée par des facettes psychologiques de l’être qui découlent de son existence, de sa culture, de sa formation et, en fin de compte, de sa déformation.

Lorsque nous faisons mal sans vouloir le faire, c’est que nous sommes subtilement, psychiquement, désinformés. Et cette désinformation naît du fait que nous ne laissons pas de place à notre réalité, nous voulons prendre notre place dans la réalité. Et ce n’est pas à l’ego à prendre la place dans sa réalité, c’est à la réalité de pénétrer en lui et de lui donner la place dont il a besoin afin de bien la rendre, de bien l’exprimer, de bien la canaliser.

L’ego qui fait mal sans s’en rendre compte, possède une façon d’agir ou de parler qui retient constamment en lui le mouvement naturel de son intelligence à cause de certains mécanismes qui font partie de son entêtement. Il y a une relation étroite entre l’entêtement psychologique de l’ego et le fait de faire mal sans vouloir le faire. Et cet entêtement est subtil, il fait partie des voiles de l’ego, il fait partie des ambitions de l’ego, il fait partie des désirs subjectifs de l’être, il fait partie du besoin chez l’être de se donner une sorte d’autorité qui n’est pas réelle mais qui n’est que l’expression d’une insécurité profonde chez lui.

Si l’Homme fait mal sans s’en rendre compte, au-delà de sa volonté, il doit revenir en arrière et faire ce qu’il a défait. Il doit être capable de rebalancer la vibration, il doit être capable de neutraliser ce qu’il a fait en se projetant d’une façon nouvelle, c’est-à-dire en se manifestant, cette fois, de façon créative, afin que l’impression qu’il a créée dans le passé soit dépolarisée et que ceux à qui il a fait mal puissent sentir qu’ils ont changé, qu’ils ne sont pas les mêmes et qu’éventuellement ils ont appris à réconcilier leur être avec leur personnalité.

Si l’Homme fait mal sans s’en rendre compte, c’est qu’il n’est pas habitué à vivre dans le centre même de sa réalité. Il vit plutôt en périphérie, il vit plutôt à l’encontre de lui-même. Il vit en fonction des mécanismes qui donnent à son ego l’impression du droit d’interférer avec le mouvement créatif de sa propre conscience. L’ego ne peut pas prendre le droit contre sa conscience. Il ne peut pas indéfiniment se projeter en policier dans la vie. C’est la conscience qui police la vie, c’est l’intelligence créative qui établit les règles du jeu, ce n’est pas l’ego.

Et si l’ego fait mal sans s’en rendre compte, c’est qu’il a une tendance à juger d’une façon qui relève de son incapacité de prendre conscience intégralement. Il a une façon, cet ego, de prendre pour lui-même ce qui ne lui appartient pas, c’est-à-dire une partie des autres, une partie de la vie des autres, qu’il manipule selon sa propre coloration, qu’il étudie avec l’œil borne de sa raison et qu’il ne peut pas prendre de façon juste parce que son jugement, sa perception, sont fondés non pas sur une intelligence réelle, mais sur une intelligence déformée dont l’origine et les racines vont très loin dans l’histoire de cette conscience expérimentale.

L’Homme ne peut pas vivre intelligemment par rapport à son passé, il ne peut pas laisser son passé ou les impressions de son passé pénétrer sa vision actuelle. Sinon, il défavorise son intelligence, il la neutralise et naturellement fera du mal là où, probablement même, il aura voulu faire du bien.

Lorsque les Anciens, ou le peuple, ou les nations, ou la sagesse des peuples des masses, dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions, ceci veut dire que l’Homme, dans son inconscience, pour toutes sortes de raisons, crée dans sa vie constamment de l’ambiguïté. L’Homme ne peut pas vivre dans l’ambiguïté. Il peut vivre dans la certitude. Il peut vivre dans la fluidité mais non pas dans l’ambiguïté créée par des intentions qui souvent sont bonnes mais finalement s’écroulent contre les rochers de l’expérience.

Pour que l’Homme en arrive à cesser de faire mal malgré ses bonnes intentions, il lui faut être capable de discerner instantanément la nature de son désir, la nature de son mouvement, la nature de son expression, y voir les reflets égoïques, y voir les intentions subtilement fondées sur des mécanismes égoïques dont la nature “insécure” reflète éventuellement la possibilité de l’erreur dans le jugement de l’action ou de la parole.

L’Homme doit être capable. Et il est capable, mais il ne veut pas l’admettre, que sa raison souvent dépende d’une myriade de facteurs qui, s’il regarde froidement, qui, s’il est capable d’éliminer catégoriquement, feront de lui un être plus attentif au mouvement de l’énergie en lui au-delà des contestations, des désirs, au-delà des jeux de l’ego.

Il est évident que l’ego peut jouer des jeux subtils à l’Homme. Mais pourquoi ? Parce que l’Homme se laisse prendre dans ces jeux. Si l’Homme ne se laissait pas prendre dans les jeux de l’ego, ce dernier pourrait facilement voir jusqu’à quel point il est susceptible d’être trompé, il est susceptible d’être amené à vivre une expérience qui, éventuellement, sera la mesure de sa faillite, sera la mesure de son incapacité de faire aux Hommes un bien réel, c’est-à-dire de permettre que les Hommes, en relation avec soi-même, soient toujours les gagnants au lieu qu’ils soient les perdants.

Si l’ego devient gagnant dans la vie de façon créative, les Hommes avec lui deviendront gagnants. Mais si l’ego devient ou cherche à devenir un faux gagnant, les Hommes eux-mêmes perdront parce que les Hommes ne peuvent pas bénéficier d’une alliance qui n’est pas réelle. Même si en surface ils semblent en bénéficier, à long terme ils en perdront le bénéfice parce que l’énergie, éventuellement, perdra de sa fonction créative et elle deviendra de plus en plus ambigüe. Et des évènements futurs viendront la ternir de sorte que les relations humaines futures, basées sur une telle ambiguïté, ne seront que de tristes souvenirs, d’amers souvenirs et de difficiles reconnections.

Il y a plein de monde, dans le monde, qui font mal sans s’en rendre compte, sans vouloir le faire. Et ces Hommes, ces êtres, sont toujours là pour dire à ceux à qui ils ont fait mal : “Mais écoute, mon cher, ce n’était pas mon intention”. Et l’Homme ne peut pas passer sa vie à faire mal et à revenir sur le mal qu’il a fait. Il doit, quelque part, en arriver à construire dans ses relations humaines, il doit en arriver quelque part à pouvoir bâtir une permanence, un pont, afin de s’enrichir avec les Hommes, afin de pouvoir développer une abondance sur tous les niveaux avec les Hommes.

Sinon, la vie est un constant recommencement, elle est une constante lutte, elle représente constamment le fait et la défaite, et ceci devient, avec le temps, épuisant. L’Homme sent que la vie lui coule entre les doigts, il sent que l’expérience n’est jamais à la pointe de son intelligence, il sent que l’expérience n’est jamais créative, qu’elle est toujours mécanique, mémorielle et involutive.

Il faut se dompter de faire du mal, même si c’est un mal qui ne fait pas partie de notre volonté, parce que c’est le produit d’une habitude, c’est le produit d’une malformation de l’ego, c’est le produit d’une constante incapacité de l’Homme. Et ceci devient très épuisant, parce que les expériences qui découlent d’une telle déformation, avec le temps, à la fois nous vident et éliminent autour de nous des Hommes, des individus, qui auraient pu devenir de francs amis, qui auraient pu développer avec nous de grandes alliances dont nous nous retrouvons, avec le temps, de plus en plus appauvris sur le plan social.

Nous nous retrouvons de plus en plus sans amis, de plus en plus sans alliance. La vie devient plus terne, plus difficile. Nous n’avons plus personne avec qui parler de façon créative, nous passons notre temps à débattre le jugement qu’ils ont de nous. Et nous avons aussi besoin de convertir en nous-mêmes les mauvaises impressions que nous avons créées, afin de nous donner le courage d’aller plus loin dans la reconstruction d’un passé qui est révolu et totalement démoli.

La vie doit être un peu comme un chantier de construction. Nous passons de la fondation, nous allons vers le toit. La vie ne peut pas être une carrière constamment remplie de déchets de nos manques ou de nos faiblesses. Ceci crée une grande dépression chez l’Homme, ceci retarde son accession à un certain niveau de succès de la vie, ceci nous empêche de sentir que finalement nous avons la vie par les “couilles”, c’est-à-dire que la vie nous obéit.

Mais comment voulez-vous que la vie obéisse à l’Homme, si l’Homme n’est pas capable de voir les forces internes en lui qui le conditionnent et qui l’amènent graduellement à perdre le contrôle de sa réalité ? Comment voulez-vous que l’Homme puisse en arriver à contrôler, à maîtriser la vie, s’il n’est pas capable de maîtriser ses aspects en lui qui défont constamment ses actions, qui défont constamment ses paroles et qui créent dans le monde cette impression, cette réalité, que nous faisons du mal au lieu de faire quelque chose de créatif, au lieu de faire quelque chose qui se tient, qui ajoute, qui s’ajoute et qui devient, au cours des années, cumulatif ?!

Tant que l’Homme fera mal à l’Homme sans vouloir le faire, ce sera un signe qu’il manque de maturité dans le mental, qu’il possède encore une personnalité imparfaite et qu’il vit sa conscience sur le plan de l’adolescence de l’esprit. L’adolescence de l’esprit étant cette étape dans la vie conscience de l’Homme où ce dernier se sent incapable de vibrer à l’unisson de son énergie créative. Il connaît alors une déformation de l’ego suffisante pour bloquer en lui toute conscience claire et nette de ses actions et de ses paroles.

Les êtres qui sont souffrants de cette condition peuvent se trouver dans des vies très difficiles et peuvent réaliser que leur vie ne possèdent pas de continuité, c’est-à-dire qu’ils sont incapables, au cours des années, d’en arriver à créer un chaînon évolutif, progressif et avantageux en ce qui concerne tous les évènements qui sont venus vers eux et qui leur ont servi de terrain d’expérience. Donc ces êtres, au lieu d’avoir transmuté les évènements à leur profit, auront accumulé beaucoup d’expériences, et une majorité de ces expériences aura été pour eux difficile. Ce sont ces êtres qui souvent diront : “Ma vie a été plutôt pénible que facile”.

Faire mal sans s’en rendre compte est une affirmation, une confirmation, d’une sorte d’infirmité psychologique de l’ego, une sorte de situation intérieure, chez l’Homme, qui défait ce qu’il fait et qui constamment amoncelle contre lui une grande quantité d’expériences qui n’auront servi qu’à le rendre de plus en plus amer. Il aura éloigné de lui-même un grand nombre de ses amis, de ses amitiés, de ses liens sociaux. Il aura défait ses liens sociaux en ayant voulu les construire parce qu’il n’aura pas compris que l’action mentale de sa parole ou de son comportement découlait d’un désir subversif face à lui-même, un désir qui naissait d’un besoin profond de l’être de vivre le dommage de l’expérience pour en arriver éventuellement à l’avantage de l’expérience.

Pour la plupart des Hommes, l’avantage de l’expérience vient toujours après le dommage de cette même expérience. Et ceci est effectivement pénible, parce que ceci empêche l’Homme de vivre de façon progressive et de sentir que de jour en jour, de mois en mois, d’année en année, il se produit en lui un raffinement de sa situation, de sa vie, de sa conscience, de ses mouvements, de son intelligence. Si l’Homme ne connaît pas ceci, il peut facilement être découragé par les évènements de la vie et sombrer, quelque part dans le temps, à cause d’une expérience très pénible, dans une sorte de dépression où il se sentira de plus en plus incapable de violer les lois de l’existence pour rentrer en confiance dans les lois de la vie.

Ce qui fait que certaines personnes peuvent faire du mal sans s’en rendre compte, c’est qu’elles se mentent subtilement à elles-mêmes. Naturellement, elles ne le voient pas, mais elles se mentent tout de même, car pour ne pas faire de mal à l’Homme, il faut être conscient en soi-même, conscient de notre réalité, conscient des mécanismes de l’ego qui peuvent jouer contre nous, conscient du besoin de l’ego d’interpréter la vie à sa façon au lieu de la vivre selon les lois de l’énergie.

Ceux-là qui font mal aux autres sans s’en rendre compte se font mal à eux aussi, parce qu’ils perdent le support vibratoire des autres personnes. L’Homme ne peut pas vivre seul, il a besoin constamment d’échanger avec les autres, et plus les autres sont capables d’échanger avec lui, plus il s’enrichit, plus s’ouvre dans sa vie des possibilités, plus se font sentir des possibilités d’expériences communes. Tant que l’Homme n’aura pas réalisé qu’il ne peut pas être exclu de la responsabilité de faire mal aux autres – même s’il le fait sans s’en rendre compte – il n’aura pas mesuré la distance qui existe entre le centre réel de lui-même et son propre centre. Il n’aura pas mesuré le gouffre qui existe entre sa conscience universelle et sa conscience égoïque.

Et ce gouffre sera très grand dans la mesure où l’Homme pourra facilement faire mal aux autres sans s’en rendre compte. Ceci est le produit d’une grande déformation de l’ego, d’un grand voile, et un tel voile ne peut exister dans la conscience créative parce que l’Homme nouveau, l’Homme conscient, deviendra supraconscient de sa conscience, supraconscient de sa vibration, supraconscient dans son intelligence, donc dans son rapport avec les Hommes. Ainsi, il deviendra supraconscient des autres et il ne pourra plus leur faire mal par ignorance, par insécurité, par illusion égoïque.

Lorsque nous faisons mal aux autres sans faire exprès, c’est que nous n’avons pas encore atteint un degré d’intelligence et de maturité suffisante pour prendre mesure exacte de nos paroles et de nos actions. Ceci indique que nous sommes encore à un stage d’adolescence de l’esprit, à un stage où l’esprit n’est pas capable de rencontrer l’ego, n’est pas capable de le faire vibrer à sa réalité et ceci laisse l’ego dans une situation difficile, parce que ce dernier ne peut pas mettre la main ou le doigt sur ce qui le rend mécanique, sur ce qui le rend réactif et qui détermine l’engrenage de son être planétaire avec des forces qui ne font pas partie de sa réalité, des forces qui ne sont que l’extension de son irréalité dans le monde des relations.

L’Homme nouveau doit prendre conscience de l’exacte mesure de son rapport entre lui-même et les autres. Et ceci se fera dans la mesure où il deviendra de plus en plus capable de saisir la subtilité de la vibration qui passe à travers lui et qui le fait parler ou agir. C’est pour cette raison, d’ailleurs, que pour sentir la vibration à travers soi, il faut être de plus en plus translucide, perdre l’opacité que crée en soi nos mécanismes égoïques, et aussi perdre la tendance que nous avons de croire que nous avons raison dans tout ce que nous faisons.

Si nous considérons que le phénomène d’avoir raison, que recherche toujours l’ego pour se stabiliser mentalement et émotivement, est un des phénomènes les plus responsables pour la création chez l’Homme de la souffrance, même si nous ne voulons pas le faire, c’est ce mécanisme qui empêche l’Homme de pouvoir intégralement s’ajuster à celui avec lequel il a des relations humaines. C’est ce mécanisme qui enlève à l’Homme toute possibilité d’établir entre lui-même et d’autres des liens de confiance presque absolus, autrement dit des liens de confiance à la limite du possible chez l’Homme.

Il y a des êtres humains avec lesquels nous pouvons établir des liens de confiance tellement étroits que, seules les plus grandes épreuves, les plus grands détournements, les plus profondes incompréhensions occultées, peuvent défaire. Donc si l’Homme qui se conscientise a une tendance à faire mal aux autres malgré lui-même, il doit se dompter, c’est-à-dire qu’il doit prendre conscience de ceci, il doit prendre conscience de ceci dans la mesure où il s’aperçoit que ses liens avec les autres ne sont pas des liens accumulatifs, que ses liens, au lieu de grandir et de grandir d’une façon qui convienne aux deux êtres, sont des liens qui, quelque part dans le temps, se fracassent, se brisent à l’insu de celui qui est responsable et à la grande surprise de ceux qui en sont les victimes.

Faire du mal aux autres sans que nous nous en rendions compte est une indication de la dislocation qui existe entre l’ego et son énergie. Et cette dislocation, si elle n’est pas retardée, éliminée éventuellement, devient de plus en plus grande parce qu’elle est soumise aux lois de la mécanicité, elle est soumise aux lois de l’orgueil, elle est soumise aux lois de la prétention. Et lorsque l’Homme en est arrivé à pouvoir prétendre qu’il a raison et dans un même temps faire mal aux autres, il ne lui reste pas grand espace pour œuvrer de façon créative dans ses relations humaines. Déjà, il est dépassé par lui-même et déjà, il s’enlise dans une sorte de solitude qui fait de lui éventuellement un être avec lequel on n’est pas toujours bien. Et l’Homme doit être un être avec lequel on est toujours bien : l’Homme conscient, l’Homme nouveau.

L’Homme nouveau est un être que l’on doit toujours rechercher, que l’on veut toujours rechercher, parce que dans sa proximité, dans son entourage, nous sentons l’absence de lutte qui a toujours caractérisé l’involution, nous sentons l’absence de tension qui a toujours miné les relations humaines, nous sentons une sorte de paix qui fait l’affaire de celui qui émet et de celui qui reçoit.

C’est pour cette raison, d’ailleurs, que l’Homme nouveau sera forcé, au cours de son évolution, d’être de plus en plus sélectif, afin de pouvoir vivre en relation avec des êtres qui ont perdu cette tendance, cette déformation de faire du mal sans s’en rendre compte, parce que l’Homme nouveau sera très sensible, il verra à travers le jeu de l’ego et il ne pourra plus attendre que les êtres se perfectionnent pour en arriver à vivre en relation harmonieuse avec eux. Il voudra jouir de la vie relationnelle maintenant, il n’attendra pas des années pour sentir les êtres autour de lui.

Faire du mal aux autres sans s’en rendre compte est un indicateur que l’Homme n’a pas encore atteint le stage de sa confiance personnelle. Un Homme qui fait du mal à un autre sans s’en rendre compte manque de confiance en lui-même, c’est-à-dire qu’il est incapable de vivre son énergie de façon globale et intégrée. Il vit son énergie par réflexion, il vit son énergie dans un champ de tension et il n’est pas capable de sentir en lui-même au moins une sorte de perfection, un peu de cet état futur qui sera caractéristique de l’Homme conscient, supraconscient et intégral.

Il y a des êtres qui ne font pas de mal malgré eux-mêmes parce qu’ils ont une nature très spirituelle. Ce sont des êtres qui de nature sont naïfs, ainsi de suite. Et ces êtres, naturellement, à cause de leur tempérament, déjà souffrent d’une sorte d’insécurité, mais qui ne se rebellent pas contre eux. Par contre, ce sont des êtres qui sont dotés d’un caractère différent, qui sont dotés d’une certaine force, d’une certaine agressivité qui peuvent facilement faire du mal aux autres sans s’en rendre compte, une sorte d’agressivité qui n’est pas le produit d’une force réelle, mais qui est le produit d’une force invertie résultant de leur incapacité en tant qu’êtres de se réaliser eux-mêmes. Et ce sont ces êtres qui sont les plus affectés par ce phénomène et qui en récolteront dans la vie, naturellement, le plus grand de la loi de retour.

Les êtres qui font du mal sans s’en rendre compte sont dotés de mécanismes qui représentent une sorte d’admiration pour eux-mêmes : ils ont, ces êtres, une certaine admiration pour eux-mêmes. Et c’est cette admiration qui est responsable du truchement créé dans leur conscience face aux autres. Lorsque l’Homme a de l’admiration pour lui-même, il vit une sorte d’intoxication. Et cette intoxication crée en lui des voiles, voiles qui éventuellement deviennent trop épais pour qu’il puisse voir à travers.

Que l’Homme soit fier, c’est une chose. Mais que l’Homme sente pour lui-même une certaine admiration, c’en est une autre. Parce que dès qu’il sent ceci, il se coupe vibratoirement de l’Homme et il se lie psychiquement à des dimensions de lui-même qui lui font plaisir, à des aspects de lui-même qui lui plaisent. Et ceci est une illusion égoïque, ceci est une déformation de notre propre réalité. L’Homme ne peut pas – ou n’a pas – à être en admiration avec lui-même, il n’a pas à se regarder dans le miroir. Il a simplement à devenir translucide afin que l’énergie se canalise et que dans ses rapports humains il y ait de plus en plus d’équilibre et, conséquemment, d’harmonie.

Ne pas pouvoir voir que nous faisons du mal à d’autres et enfin réaliser que si nous avons fait du mal, c’est au-delà de notre volonté, équivaut à dire que nous sommes des êtres très ignorants de nous-mêmes, des êtres très loin de notre centre, des êtres incapables de supporter notre réalité. Pour que l’Homme entre en harmonie vibratoire avec l’Homme, il lui faut être près de lui-même. Il lui faut être capable de se rendre anonyme, de se rendre invisible dans ses relations avec les autres. Nous ne disons pas invisible dans le sens de perdre sa place dans le monde. Nous disons invisible dans le sens de pouvoir disparaître à volonté afin que les autres, eux, grandissent et prennent souvent une place qui, dans le passé, leur avait été enlevée.

L’Homme nouveau comprendra ceci. Il saura que la nature même de sa conscience est délimitée par sa capacité de vivre en relation étroite avec le monde et en relation étroite avec lui-même. Il saura qu’il ne peut pas vivre sur un front seulement mais qu’il doit vivre sur deux fronts. Il doit être parfaitement équilibré dans l’horizontal et parfaitement équilibré dans la verticale. Et c’est le développement de la verticale qui donnera naissance à l’horizontalité.

C’est le développement de sa conscience universelle qui donnera naissance à son bien-être dans ses relations humaines. Tant que l’Homme fera du mal à l’autre sans s’en rendre compte, il aura à découvrir en lui-même les pièges de l’ego, il aura à faire ressusciter des bas-fonds de sa conscience astralisée les spectres de ses propres illusions, les spectres de ses propres ambitions, les spectres de ses propres incapacités, parce qu’il verra que ces spectres se nourrissent de son insécurité émotive face à l’Homme.

Il ne s’agit pas dans la vie d’être simplement intelligent dans le sens mécanique du terme, il s’agit aussi de posséder une très grande tendance vers ce que vous appelez le bien, c’est-à-dire le bon, c’est-à-dire ce qui devient, pour l’Homme, un onguent de vie. Lorsque l’Homme se conscientisera, son intelligence se transformera. Il deviendra intelligent, intelligent créativement, donc le bien et le bon feront partie intégrale de cette intelligence, il n’aura plus à s’occuper d’être bien ou d’être bon.

Mais l’Homme inconscient a encore à s’occuper de faire l’effort d’être bien et d’être bon, dans un sens de plus en plus dépersonnalisé, afin de commencer à sentir en lui-même cette vibration universelle qui dirige son rayon vers tous les Hommes et qui neutralise dans ce mouvement les appétits inférieurs de l’ego, pour créer entre l’Homme conscient et les Hommes inconscients ou conscients une sorte d’harmonie, une sorte d’équilibre qui bénéficie à long terme à la conscience de l’Humanité.

Il est important pour ceux qui vivent seuls, ou qui vivent seuls parce qu’ils sont incapables de construire des liens avec d’autres, de réaliser que, probablement, ils font partie de cette catégorie d’êtres qui font du mal sans s’en rendre compte. Effectivement, ils ne sont pas responsables psychologiquement du mal qu’ils font dans un sens éveillé, mais ils sont responsables psychiquement du mal qu’ils font dans un sens de conscience endormie.

Et s’ils veulent, ces êtres, vivre parmi les Hommes et bénéficier de leur relation avec les Hommes, ils devront prendre conscience éventuellement, de la nature de leurs paroles et de leurs actions dans l’instant même où ses paroles et ses actions sont manifestées. Ils ne pourront plus attendre d’avoir des nouvelles de leurs paroles, des nouvelles de leurs actions. Ils devront sur le champ en prendre une mesure afin de bien partager l’expérience relationnelle, l’expérience de la communication qui fait de deux êtres conscients le plus merveilleux des mariages, parce qu’une telle expérience, non seulement confirme-t-elle la réalité des deux êtres, mais infirme toute contestation qui pourrait faire de ces deux êtres des étrangers au lieu de faire d’eux des frères, des amis, des Hommes sincèrement liés dans une affection profondément occultée de leur conscience universelle.

mise à jour le 21/08/2024

Retour en haut