Savoir se réinventer

Paris – credit: @DronalistDailyDose YouTube

Psychologie évolutionnaire 74

“Bonsoir Messieurs-Dames. Alors toujours dans le cadre de la psychologie évolutionnaire, je vais regarder un aspect du développement social de l’Homme, un aspect du développement psychologique de l’individu, à savoir se réinventer, comment se réinventer. L’Homme dans une société complexe où tout est extrêmement dynamisé, doit apprendre à se réinventer parce que les fondations sociales sont dans un flux qui devient de plus en plus …” BdM

 

En Français vous lisez la transcription manuelle de la conférence de BdM, dans une autre langue la traduction par une intelligence artificielle (AI) de cette transcription manuelle, donc le résultat est à interpréter avec discernement.

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Bonsoir Messieurs-Dames. Alors toujours dans le cadre de la psychologie évolutionnaire, je vais regarder un aspect du développement social de l’Homme, un aspect du développement psychologique de l’individu, à savoir se réinventer, comment se réinventer. L’Homme dans une société complexe où tout est extrêmement dynamisé, doit apprendre à se réinventer parce que les fondations sociales sont dans un flux qui devient de plus en plus accéléré.

Et dans un sens, l’individu est de moins en moins rattaché à la Terre, donc il est de moins en moins rattaché à une structure de vie techniquement stable. Et aujourd’hui, comme le dit le langage populaire, l’Homme doit apprendre à surfer, et se réinventer ça permet à l’Homme d’apprendre à surfer dans une société complexe et de plus en plus rapide, dans une société de plus en plus aliénée où le profit souvent remplace l’humanisme.

On ne peut pas changer la société mais on peut se changer soi-même, et c’est comme ça qu’il faut le voir. Donc, savoir se réinventer, ça fait partie de se changer soi-même. Et un Homme qui n’apprend pas à se changer lui-même est voué avec le temps à être embrasé par le feu social, et il est voué aussi avec le temps à perdre contrôle sur sa vie.

Quand on voit dans une société des gens qui errent dans les rues, quand on voit des malades qui sont étendus dans des corridors d’hôpitaux et qui attendent les soins, parce que les gouvernements ne sont pas capables d’accélérer ou de stabiliser les choses, parce que ça coûte trop cher, pour toutes sortes de bonnes raisons, mauvaises raisons, quand on voit que l’individu est de plus en plus pénalisé par l’industrialisation de la nourriture dans le monde, allez faire un tour du côté Américain, vous allez voir !

Quand on réalise que des forêts entières sont détruites par des corporations en un clin d’œil, c’est là qu’on voit que c’est très important pour l’Homme de savoir se réinventer, parce que devant le constat, devant l’observation, devant le choc du présent, on ne parle même pas du choc de l’avenir ou du choc du futur, on parle du choc du présent ; quand on réalise que des individus chevronnés, des “nurses” (des infirmières), des médecins, ne sont plus heureux dans le travail, des gens qui sont nécessaires dans la société, des éducateurs qui ne savent plus où mettre la tête, parce que l’autorité est totalement fracturée, le respect n’existe plus, si on ne sait pas se réinventer, on vit une situation dangereuse, on vit une situation qui est dans un sens un retour à un nouveau nihilisme.

Et probablement que ce nihilisme que nous vivrons au vingt-et-unième siècle sera plus dangereux que le nihilisme purement philosophique de Sartre ou des penseurs des années 1930 en Europe durant la guerre, où durant cette période, on avait pour le moins à combattre des idéologies qui s’avéraient un peu détestables, un peu contraires aux ambitions, aux idéalismes humains basés sur la liberté de l’Esprit.

Ce n’est plus ce problème que nous avons maintenant, nous ne sommes plus prisonniers des idéologies fascistes, nous sommes prisonniers d’une condition sociale, économique, politique, qui devient de plus en plus globale, et qui va faire, éventuellement, de l’individu, un être très très pauvre en esprit s’il ne réussit pas au cours de son imprégnation, au cours de son développement, au cours de son évolution, à se réinventer.

Donc je veux regarder avec vous les bases, les conditions pour se réinventer – non pas pour en déduire une doctrine parce que les doctrines sont trop éphémères, les doctrines caractérisent trop une façon de penser dans un certain temps qui est éphémère – mais dans le but de donner à l’Homme sa place dans un univers qui est de plus en plus petit, et dans un monde qui accélère à la vitesse de la folie. Donc si je regarde avec vous ce thème “Savoir se réinventer”, je vois que l’individu doit développer au cours de son expérience sociale, au cours de son développement psychologique, au cours de sa prise de conscience interne, il doit regarder le facteur très important de ce que j’appelle “la centricité de l’ego”.

La centricité de l’ego étant cette manœuvre consciente, interne, personnelle, très personnelle de l’Homme face à lui-même, toujours face à lui-même, non pas face à la société, face aux autres, mais face à lui-même, qui lui permet avec le temps de dompter ses craintes, ses appréhensions, et d’éliminer de sa vie les structures fictives des croyances qui ont modulé son intelligence, les affectations qui ont créé dans sa conscience une façon de penser qui n’est pas réelle, qui n’est pas fondée sur son intelligence, mais plutôt sur des pulsations d’âme qui, à l’origine – à l’origine je dis bien – représentent dans toutes ses façons les craintes de l’Homme.

Donc l’Homme, l’individu, pour devenir centrique, doit s’habituer petit à petit… Parce que ce n’est pas facile de combattre une floraison d’idées, une floraison d’opinions qui jaillit de tous les coins du monde, qui est caractérisée par toutes les cultures, qui a été consolidée dans toutes les cultures, pour créer quoi ? Un mirage qui par le passé dans l’involution fut nécessaire, parce qu’il n’y avait pas suffisamment de liberté d’Esprit, mais qui aujourd’hui ne permet plus à l’Homme moderne avancé de demain de se nourrir, parce que les racines de l’arbre sont déjà pourries.

Et si l’Homme ne peut pas se nourrir aux racines de l’arbre parce qu’elles ne sont plus, il doit se nourrir à ses propres racines, il doit dépasser la culture, il doit se servir de la culture simplement comme tableau de fond. Mais il ne peut pas se servir de la culture pour se nourrir, puisque cette culture, maintenant, elle devient de plus en plus morte, de plus en plus amorphe et de plus en plus colorée par des courants qui ne font plus partie de la beauté de l’Esprit.

Donc, savoir se réinventer nécessite un certain degré de centricité, qu’est-ce que j’appelle la centricité ? C’est cette façon d’être qui permet à un individu de se regarder dans un miroir qui lui rapporte toujours les images que lui-même a créées, et non pas des images qui ont été glorifiées par le monde à l’extérieur de lui.

Ainsi, le poète, l’écrivain, le juge, l’architecte, le médecin, qui regarde toujours dans le soleil de son propre Esprit, en arrive avec le temps à découvrir, à cause des lois profondément occultes de la vie, et aussi à cause des belles lois de la vie, que la centricité est un moyen pour l’Homme évolué, l’Homme conscient, de s’assurer qu’il est psychiquement en survie, qu’il est psychiquement en vie et qu’il est psychologiquement sain d’esprit.

Quand on est sain d’esprit, qu’on se sait sain d’esprit, non pas parce que quelqu’un nous l’a dit, ou parce que quelqu’un nous l’a refusé, mais quand on se sait sain d’esprit, quand on se sait plein d’esprit, à ce moment-là on peut facilement utiliser notre centricité pour découvrir le monde à notre façon, et établir pour soi des fondations nouvelles en ce qui concerne notre façon d’être dans un monde de plus en plus nihiliste.

Je regarde la jeunesse aujourd’hui qui vit un profond mouvement de rébellion contre les structures d’un ancien ordre, je regarde cette jeunesse avec deux yeux, un peu deux façons, comme Janus. D’un côté, cette jeunesse qui demain sera celle qui apportera un nouveau soupir dans un monde éteint, et en même temps cette jeunesse qui souffre d’identité parce que nous les pairs, nous ne lui en avons pas donné une.

Nous avons été trop occupés à prescrire les idéologies, à établir des lois qui n’étaient pas conformes à la réalité, à prescrire des données sur le plan politique, sur le plan de la finance, sur le plan de l’éducation, sur le plan des arts et des techniques, qui ne convenaient pas à l’Esprit de l’Homme, parce que ces données étaient trop axées sur le profit marginal. Donc on ne peut pas blâmer la jeunesse, ça fait partie de son évolution, ça fait partie de son travail.

Mais l’individu qui est dans cette jeunesse et qui vit un peu la terreur de la disproportion, qui vit un peu la dislocation, qui regarde en arrière dans l’Histoire de l’Homme, et qui voit les pairs qui ne lui ont pas laissé quelque chose dont il peut se nourrir, même pas les philosophes, ce n’est pas surprenant qu’aujourd’hui en France, on parle de la T.S, on parle du suicide, comme si c’était une façon d’être, avant de mourir.

Donc la centricité c’est quelque chose qu’on pourra très très longuement développer, dont on peut parler à longue échelle, à grande haleine, parce que ça représente pour l’Homme, pour l’être humain, le premier mouvement de sa conscience vers l’affranchissement de son être par rapport à une historique qui s’est effondrée. Et pour moi, une historique qui s’est effondrée, c’est une historique qui n’a plus d’esprit.

Même si elle développe ou elle a développé une consistante verbale, même une historique qui a développé de grands tableaux, si elle n’est pas en alliance avec l’Homme, avec son Esprit, si elle ne représente pas les grandes valeurs de l’Esprit humain, si son signe n’est pas le soleil, à ce moment-là cette historique n’est simplement pour l’Homme qu’un tombeau qui ne s’est pas encore refermé complètement sur son corps.

Donc l’Homme a besoin de la centricité, et la centricité lui permettra avec le temps de s’affranchir du passé de la mémoire de la race qui n’est plus nécessaire pour un Homme conscient, puisqu’elle n’a servi qu’à asservir l’Homme inconscient. Mais ne pas utiliser ou ne pas être victime de la mémoire de la race, ce n’est pas facile parce que c’est un peu comme le “fast-food”, toute nourriture qui goûte bon, le corps l’apprécie même si on se rend malade.

Et c’est la même chose pour la mémoire de la race, l’Homme l’aime, l’Homme se lie à elle, surtout les vieux pays, parce qu’elle sécurise l’ego, et elle permet à l’individu de survivre en dehors d’une centricité qui nécessite beaucoup de travail avant la libération finale de l’Homme, du joug de l’histoire. Donc pour revenir à une plateforme plus simple, qu’est-ce que la centricité ?

C’est une façon d’être qui permet à l’ego de réaliser qu’il y a beaucoup plus d’intelligence en lui que le monde extérieur n’est prêt à lui accorder. Si vous sentez de l’intelligence en vous, si vous sentez votre intelligence, si vous avez goûté un peu de sa lueur, vous devez vous habituer à elle, parce qu’elle fait partie de vous. Vous devez continuer à gravir les marches de cette grande pyramide dont le sommet est couronné par le soleil, c’est-à-dire le feu créatif de votre propre conscience.

Si vous cherchez à vivre et à demeurer sur les plans plus inférieurs de cette pyramide, si vous voulez traîner vos pieds dans la vase de l’Histoire, au lieu de monter librement sur les marches de cette pyramide qui fait partie de votre propre développement, à ce moment-là vous n’aurez jamais de centricité, vous ne serez jamais des individus, vous chercherez par des modes à vous identifier à quelque chose.

Dans un temps, vous porterez des souliers, dans un autre vous n’en aurez pas, dans un autre temps vous aurez des cheveux rouges, dans un autre temps vous aurez des cheveux bruns, mais vous n’aurez jamais d’identité, parce que cette façon de vous retrouver ne fait pas partie de votre réalité, elle fait partie de la mode, c’est-à-dire de ces mouvements sociaux qui ont tendance à éteindre chez l’Homme la vraie réalité, pour ne faire transparaître que la rébellion fictive.

Donc la centricité représente pour l’être humain, à la fin du vingtième siècle, une porte sur son devenir, mais non pas sur un devenir philosophique. La philosophie, elle est morte, elle n’existe plus, elle existe dans les universités pour le verbiage, mais elle n’existe plus dans la vie réelle. Parce que l’Homme conscient, l’Homme devenu autre qu’un reflet de l’Histoire, a besoin d’une nourriture réelle maintenant, pour avancer dans la vie.

Et cette nourriture ne peut pas venir de l’extérieur de lui, elle ne peut venir que de lui-même, de son intérieur et elle ne peut être fondée que sur le rapport étroit entre sa façon de penser et sa façon d’être. Comment savoir si votre façon de penser convient à votre façon d’être ? Regardez s’il y a déchirement. S’il y a déchirement entre votre façon de penser et votre façon d’être, il y a une condition chez vous qui n’est pas réalisée, il y a une centricité qui n’est pas établie. Il y a une confrontation entre le désir et l’idéal, il y a une recherche d’identité, vous n’êtes pas en paix.

Dans le monde de l’Esprit, la contestation interne n’existe pas, dans le monde de l’âme, si. Donc lorsque nous parlons de centricité, nous parlons de complicité entre l’Esprit, c’est-à-dire le mental supérieur de l’Homme, cette partie créative de son être, et son ego dans la matière qui se complaît à être bien dans sa peau, parce qu’il est suffisamment allumé de l’intérieur pour ne pas voir les ombres, les reflets, les réflexions, les dissuasions, sur le tableau de son écran mental.

C’est ce qui lui donne la paix, parce qu’il sait qu’il est allumé à partir de l’intérieur, il sait qu’il est centrique, il sait que ce qu’il sait fait partie de sa connaissance à lui, de son savoir à lui, et que ce savoir dans le fond est tout ce qu’il a besoin pour être en vie et fonctionner, et patiner, si vous voulez, dans une société de plus en plus rapide et de plus en plus mégalomaniaque.

Je regardais ce soir une personne qui lisait un livre sur Freud, ce grand psychanalyste, et remarquez bien que je n’ai rien contre Freud, je n’ai rien contre aucun chercheur. Mais je regardais simplement la profondeur des mots, je regardais le rapport des idées, je regardais les interlocutions. Je regardais l’Homme qui essaie de comprendre qu’est-ce que c’est un ego, je regardais l’Homme qui essaie d’analyser qu’est-ce que c’est le comportement humain pour pouvoir redonner un peu à l’Humanité une certaine connaissance. Je regardais l’Homme qui essaie de deviner les règles et c’est triste de réaliser jusqu’à quel point de grands hommes sont petits.

Ils ne sont pas petits parce qu’ils ne sont pas grands, ils sont petits parce qu’ils ne connaissent pas les lois de leur intelligence, ils ne savent pas parler à ce qui est plus haut qu’eux à l’intérieur d’eux-mêmes, pour comprendre avec grande facilité, grande agilité, le mystère de l’Homme.

Et tout le foisonnement des idées, les rêves, le narcissisme, l’égotisme, choses tellement faciles à comprendre – tout est facile à comprendre lorsque l’Homme parle et passe par un plan mental, par un plan d’intelligence qui n’est pas coloré par l’ego – mais pour ceci, il faut de la centricité. Si on me demandait quel est le plus grand problème de l’Homme, je dirais que le plus grand problème de l’Homme est le manque de centricité chez lui qui est la raison pour laquelle il n’a aucune définitive identité.

Ça revient au doute et à l’influence parce que le doute c’est la totale absence d’intimité avec soi, c’est la totale incapacité de savoir que l’on sait, parce qu’un Homme qui sait qu’il sait, ne vit pas le doute. Et aussi, ça empêche l’Homme d’être affairé à des influences extérieures qui colorent sa conscience et qui lui créent encore plus de doute, parce qu’il y a constamment un objet d’observation, un mécanisme d’observation qui se crée en lui.

Et ce mécanisme d’observation n’est jamais suffisamment lucide pour lui permettre de comprendre parfaitement l’influence et d’éliminer complètement ou parfaitement le doute. Un Homme qui sait ne veut rien savoir parce qu’il a simplement à savoir pour réaliser qu’il sait, il n’a rien à chercher, il n’a pas à faire de recherches. Il n’a pas à se fatiguer l’Esprit pour découvrir le mouvement interminable de cette énergie qui fait partie de sa constitutionnalité.

Nous avons passé des siècles à faire de la philosophie, à réinventer et à réinventer les vieux tombeaux, nous avons passé des siècles à regarder les idées, nous avons passé des siècles à vouloir réorganiser les énergies de l’Humanité dans des grands courants idéologiques qu’on a appelé le socialisme, qu’on a appelé le fascisme, ainsi de suite. Pourquoi ? Parce que l’Homme n’était pas centrique.

Si l’Homme était centrique, il pourrait de lui seul, mettre un arrêt aux flots qui viennent vers lui, il garderait constamment son corps sec et à l’abri des grandes puissances, et il laisserait passer autour de lui dans un mouvement magique, toutes les forces sociales qui peuvent s’inventer et se réinventer dans le tableau historique. Mais lui en tant qu’individu, il ne serait pas mouillé par les grands efforts, il ne serait pas mouillé par ceux qui pensent, et surtout il ne serait pas mouillé par ceux qui pensent ce qu’ils pensent.

Donc nous aurions quoi à ce moment-là ? Nous aurions un nouvel Homme, nous aurions un Homme qui serait en pleine découverte, toujours dans un mouvement de dépassement par rapport à l’Histoire, par rapport à la mémoire de la race, par rapport aux conflits fondamentaux qui servent sur la Terre à créer entre les Hommes des divisions. Donc il vivrait sa vie et il serait libre, non pas sous le chapiteau du libre arbitre, mais il serait libre dans la façon d’être, et sa liberté serait créative, elle ne serait pas philosophique, elle serait fondamentalement basée sur le principe de la centricité.

C’est pour ça que nous avons donné à cette psychologie le terme de “Psychologie évolutionnaire”. Pourquoi ? Pour la distinguer des psychologies réflectives, pour la distinguer des philosophies qui ont été pensées par l’Homme, pour la distinguer des psychologies qui n’ont pas été prescrites à l’Homme à partir d’un plan mental qui ne fait pas partie de la mémoire de sa race, afin de pouvoir finalement comprendre les terrifiantes questions existentialistes qui ont toujours confronté l’Humanité : “D’où je viens, d’où je suis, où est-ce que je vais”…

Même la grande question psychologique du moderne : “Qu’est-ce que l’ego”… Ces questions sur le plan mental sont facilement résolvables, ces questions sur le plan mental sont facilement accessibles à tout être humain, qu’il soit très avancé dans le discours des mots ou qu’il soit très simple en esprit, dans son monde personnel. Parce que le savoir n’a rien à voir avec l’éducation, le savoir fait partie de la pénétration de la Lumière chez l’Homme.

Donc la centricité… Je voulais regarder le côté doctrinaire d’une psychologie évolutionnaire ce soir avec vous, puisque je suis encore dans le feu du travail, je ne sais pas pour combien de temps, mais je suis encore dans le feu du travail, et tant que je vais respirer, je vais parler. Et probablement qu’à un certain moment donné, il serait bon de regarder le côté doctrinaire d’une psychologie évolutionnaire.

Quelles sont les fondations, quelle est la fondation, quel est le “rock botton” (fond rocheux), comme on dit en Anglais, de cette science ? Où se situe le caractère ineffable, inébranlable, de cette science de l’Esprit, et quel siècle, vingt-et-unième siècle, vingt-deuxième siècle, quel siècle dans l’avenir pourra venir le confronter et lui dire : “Vous n’avez pas raison”.

Donc si dans le temps où je parle, où je développe cette psychologie évolutionnaire, j’en arrive à développer ou à sentir le besoin de développer une doctrine, ce ne sera pas pour créer une fondation psychologique de la science du mental. Ce sera simplement pour permettre à l’Homme de réaliser que lui en tant qu’être, est une fondation et que sa fondation est basée sur un principe, que ce principe est une loi inaltérable par les siècles de demain. Et que cette fondation est représentée dans son expérience par une seule chose, la volonté d’être lui-même.

Si nous n’avons pas la volonté d’être soi, la volonté d’être n’est pas suffisante. Les existentialistes, les philosophes du passé ont parlé, ont voulu exprimer la volonté d’être, de “will to be” (volonté d’être). Mais la volonté d’être ce n’est pas suffisant pour un Homme, il doit aller plus loin dans l’exorcisme de son inconscience, il doit avoir la volonté d’être libre.

Et cette volonté d’être libre est la fondation d’une doctrine, c’est-à-dire quelque chose qui ne peut pas être extrait de la conscience humaine parce que ça fait partie de la conscience des cellules, ça fait partie des forces de vie. Vous ne pouvez pas aller dans un monde, dans le moindre recoin de cette planète et demander à qui peut l’entendre ou le comprendre : “Est-ce que la volonté d’être libre va à l’encontre de vous”… Et on vous dira : “Non monsieur, la volonté d’être libre va dans le même chemin que moi je veux aller, mais je ne connais pas le chemin, on ne me donne pas la chance, on ne me donne pas la lumière, on ne me donne pas l’éducation, les gouvernements ne veulent pas que je sois libre, on veut simplement que j’exerce mon libre arbitre”…

Alors, si nous établissons dans un avenir quelconque que la plateforme ou que la fondation de cette doctrine de la psychologie évolutionnaire, c’est la centricité, c’est le mouvement de l’Homme, le besoin d’être volontairement libre, ça forcera, ça amènera l’Homme avec le temps à dissuader les forces autour de lui de l’influencer.

Ça permettra à l’Homme de finalement regarder le monde tel qu’il est, dans sa glorieuse imposture, le regarder franchement avec les yeux de quelqu’un qui sait, parce que lorsque l’on sait, on est capable très très facilement de regarder les décombres, et de voir que dans les décombres, il y a un art, il y a une architecture. Quand l’image elle est fracassée par Picasso, il y a une nouvelle représentation aussi valable pour l’Humanité que dans l’ordre purement esthétique de Raphaël. Seulement la fonction est différente.

Mais pour celui qui est libre et qui a la capacité d’être libre, parce qu’il a la volonté de l’être, il a le choix de regarder “le Picasso” et de regarder “le Raphaël”, de se situer au-dessus de ces deux formes qui ont été présentées à l’Humanité pour son expérience, il est capable de ne plus être touché ni par l’un, ni par l’autre, ou il est capable d’être touché par l’un et par l’autre, dépendant de sa volonté.

C’est dans ce moment-là qu’on peut dire que l’Homme conscient peut comprendre, peut s’affilier, peut respirer l’air de tous les temps, le temps Égyptien, le temps Grec, le temps Romain, le temps de la Renaissance, le temps des grandes folies de l’Eglise : L’inquisition. Il peut même s’associer aux temps vertigineux malades des hitlériens. Il est capable de s’associer aux temps modernes, de la technologie effarante du “zéro zéro un”, pourquoi ? Parce qu’il est libre !

Et quand on est libre, qu’est-ce qui se passe ? On n’est plus attaché à rien. On n‘est plus attaché à Picasso, on n’est plus attaché à RIEN. On regarde la forme, on sait qu’elle fait partie du mouvement temporel, on sait qu’elle fait partie des différents appétits de l’Homme, on sait qu’elle fait partie des différentes structures nécessaires pour galvaniser l’Humanité, pour lui donner une orientation. Mais en tant qu’Homme, on est libre, on apprécie ceci, on apprécie cela, on voit ceci, on voit cela mais on n’est plus prisonnier de la forme parce qu’on n’est plus influençable !

Et c’est très dangereux d’être influençable, parce que quand on est influençable on prend un petit peu de ceci, un petit peu de cela, un petit peu de ceci, un petit peu de cela, et on finit avec quoi ? On finit avec une salade grecque ! Vous savez qu’est-ce que c’est une salade grecque ? C’est quelque chose de très volumineux mais qui est très peu organisé sur le plan esthétique (rires du public). Mais elle nourrit beaucoup de gens, alors on accepte que la salade grecque ait une grande fonction en société.

Si vous n’êtes pas capables d’accepter que la salade grecque ait une grande fonction en société, vous ne comprenez pas la fonction, le rôle de la salade grecque. Donc vous êtes influencés, vous êtes influençables, vous avez une opinion au lieu de comprendre que toutes les salades mènent à Rome. Et vous verrez un jour que cette phrase qui semble aujourd’hui un peu drôle, un peu comique – que toutes les salades mènent à Rome – que c’est effectivement ce qui s’est produit dans le monde, et vous réaliserez un jour que rendu à Rome, c’est autre chose qui se passe. Il y a un autre mouvement rendu à Rome, Rome c’est pas fini ! Rome c’est le début, c’est à Rome que l’Homme consolide ses forces !

C’est à Rome que l’Homme regarde les grandes structures de l’Histoire, c’est à Rome que l’Homme prend conscience de lui-même ! Et c’est à Rome que l’Homme fera éclater les mythes, et c’est à Rome que l’Homme cessera d’être Romain. Pour devenir quoi ? Pour devenir simplement un soldat qui protègera son terrain et qui n’aura plus besoin des phalanges romaines pour exécuter la volonté de roi.

C’est à Rome que l’Homme va se déniaiser parce que rendu à Rome, autrement dit rendu dans le centre de lui-même, lorsqu’il fera face à lui-même, lorsqu’il sera suffisamment solide, lorsqu’il aura suffisamment une diminution de ses craintes, pour commencer à réaliser que, oui, effectivement, il est bien, il est intelligent, il est solide, il se sent bien dans sa peau, ainsi de suite. Et au fur et à mesure où il pourra consolider cette prescription interne, il verra qu’effectivement il est grand Homme et qu’il est grand temps qu’il se manifeste dans le monde en tant qu’Homme !

Et c’est là qu’il trouvera sa voie, c’est là qu’il se découvrira une façon d’être créatif, et qu’il réalisera que la vie l’avait amené jusqu’à ce point, simplement pour une raison, pour voir s’il avait de l’âme ou de l’Esprit. C’est de l’Esprit que l’Homme a besoin ! De l’âme ce n’est pas suffisant, de l’âme c’est de la mémoire. Nous avons été imbibés de mémoire, nous avons tellement de mémoire que nous n’avons plus d’Esprit. On nous a dit : “Ben, écoutez, vous êtes des Hommes, vous avez le libre arbitre”… Mais c’est rire de l’Homme de lui dire qu’il a le libre arbitre.

Si on a le libre arbitre, on ne finit pas sous la roue d’un camion, en sortant d’un “party” où on a souri et où on a baisé, où on a bu ! Quand on est libre, on ne finit pas sous la roue de rien ! Mais lorsqu’on a le libre arbitre, on finit sous toutes sortes de conditions, ça nous crée un choc. On dit : “Comment se fait-il que j’ai le libre arbitre et que je passe en dessous d’une maison et que la pierre me tombe sur la tête”…

Et là, on réalise que la liberté n’est pas là, elle doit être plus profondément ancrée dans le souterrain de l’Homme, et ce souterrain, il est maintenu, gardé jalousement par une façon d’être que j’appelle “la centricité”. Si on regarde un autre volet de la centricité, la centricité c’est une façon d’explorer le médium cosmique de l’individu. À partir du moment où un Homme est centrique, à partir du moment où il est en vibration, à partir du moment où il est dans son Esprit, il peut explorer “ad infinitum” le caractère essentiellement cosmique de son être, c’est-à-dire qu’il a la capacité de définir selon son bon vouloir, la nature de son propre mystère.

C’est lui finalement qui détient les clés de son propre royaume, il n’a plus besoin d’aller à l’archevêché, il n’a plus besoin d’aller dans le monde et de demander la permission d’être en volonté ! Il a les clés de son propre royaume, parce que c’est lui qui peut définir essentiellement ce qu’il représente pour lui-même. Et ceci demande que l’Homme soit capable de supporter de savoir ce qu’il sait.

Si vous n’êtes pas capables de supporter de savoir ce que vous savez, même si ce que vous savez est embryonnaire, même si ce que vous savez est petit pour le moment, même si ce que vous savez n’est pas parfaitement ou d’une manière éloquente, exprimé dans le monde, le fait que vous avez déjà un peu de lumière devrait vous suffire pour aller plus loin dans la pénombre.

Mais si vous rejetez ce peu de lumière, parce que de grands Hommes autour de vous, de grands éducateurs, de grands penseurs, de grandes mémoires, les nobles de l’antiquité, ne vous en donnent pas l’autorité, à ce moment-là vous ne pourrez jamais goûter de vous-mêmes, et vous ne saurez jamais comment vous réinventer. Parce que se réinventer veut dire un certain nombre de choses.

Premièrement, se réinventer veut dire mettre un arrêt, une fin à ce qui est karmique dans notre vie personnelle, autrement dit mettre un arrêt, une fin à ce qui ne fait pas partie de notre volonté d’être. Et si nous n’avons pas la volonté, la puissance interne de mettre fin à ce qui ne fait pas partie de notre volonté d’être, nous demeurerons prisonniers, victimes de cet aspect monstrueux qui est la programmation de la vie, qui est techniquement le karma de l’Homme.

Ceci fait partie de la volonté d’être, mais ce n’est pas une volonté basée sur le désir. C’est une volonté basée sur la capacité de l’Homme d’abattre ses craintes, toutes ses craintes. Et la centricité, c’est finalement cette capacité de l’être, d’abattre ou d’avoir abattu ses craintes, afin de dominer les forces de l’âme, pour en arriver finalement à bénéficier de la lumière de son propre Esprit. Donc quand on parle de savoir se réinventer, ce n’est pas simplement se trouver un autre job, bien que se trouver un autre job puisse faire partie de ce grand remaniement des forces internes.

Mais se réinventer veut dire pouvoir abattre en soi les craintes qui nous ont serré la gorge, qui nous ont empêché en tant qu’homme ou en tant que femme de dépasser nos conditions, nos programmations et dans beaucoup de cas, nos karmas, parce que les forces de l’âme qui utilisent la crainte ont été plus grandes que les forces de l’Esprit, qui sont très guerrières et qui se transmutent facilement en poison pour tout ce qui est anti-Homme.

Savoir se réinventer, c’est une notion qui n’a pas été explorée encore sur le plan psychique de l’Homme, mais qui le deviendra, parce qu’au fur et à mesure où l’Homme réalisera qu’il a un potentiel énorme en lui, et qu’il verra jusqu’à quel point il est manipulé, influencé, pour demeurer dans un libre arbitre, au lieu d’entrer dans la propriété de sa liberté mentale, on verra l’Homme petit à petit surgir de son incompétence psychologique, surgir de son alliance avec les forces sociales, surgir de sa prison sociale, pour finalement être libre, créer, et finalement servir l’Humanité d’une manière beaucoup plus noble, beaucoup plus réelle et moins virtuelle.

Se réinventer c’est ne plus avoir peur ! Si vous avez la moindre crainte vous ne pouvez pas vous réinventer parce que la crainte vous serrera la gorge, la crainte vous fera croire que vous êtes petits, que vous avez des limites, la crainte vous fera réaliser que la mesure que vous avez de soi (de vous) n’est pas aussi grande qu’elle devrait l’être. La crainte vous fera penser que vous n’êtes pas faits pour la grandeur de l’Homme, pour la grandeur de l’être, pour la réalité qui est vôtre. Donc la crainte sera toujours votre ennemi numéro un. Donc savoir se réinventer demandera chez l’Homme une centricité qui sera le produit de l’élimination, de la destruction graduelle de la crainte, afin de pouvoir éventuellement surgir comme le phénix, de ses propres cendres.

Question : (inaudible)

BdM : Ça fait partie un peu de la même chose mais dans un autre temps. Les gens qui ont créé de nouvelles colonies, qui ont ouvert des mondes, ont été obligés pour le faire de dépasser les craintes normales, anciennes, qui étaient convoquées par des esprits qui n’avaient pas sur l’Histoire, de pouvoir, parce qu’ils n’avaient pas sur l’Histoire leur propre pouvoir, donc ces Hommes étaient obligés pour une raison ou une autre à affronter leur destinée.

Alors que l’Homme conscient ne sera pas obligé d’affronter sa destinée, dans un sens d’en être paralysé. Il pourra éventuellement la changer, il pourra éventuellement lui donner le visage qui lui convient parce qu’il aura suffisamment d’Esprit pour comprendre que la destinée n’existe que dans la mesure où l’Homme réfléchit à sa propre condamnation. Imaginez-vous votre propre condamnation, imaginez-vous le fait que vous avez le cancer, imaginez-vous le fait que votre mari vous a laissée, imaginez-vous le fait que vous avez perdu votre job, imaginez-vous le fait que vous êtes paralysés !

Lorsque vous êtes pris et que vous êtes limités à votre propre condamnation, vous avez conscience de votre destinée, et ce n’est pas là la vraie destinée de l’Homme. La destinée de l’Homme elle est partagée entre la puissance de son Esprit et l’irrévocabilité de sa progression, dans la mesure où cette progression doit être poussée en arrière, c’est là la vraie destinée de l’Homme.

Donc la destinée de l’Homme, ce n’est pas le premier exposé qu’il a à sa vie, c’est le deuxième, le troisième, jusqu’au jour où il meurt. Donc si vous ne vivez qu’au niveau de votre première destinée, vous verrez que vous êtes limités à un nombre de choses qui ne vous amènent pas loin dans la vie. Si vous allez plus loin dans l’exercice de liberté d’être, vous verrez qu’il y a un autre plafond, un autre plan à votre destinée et que ce plan est beaucoup plus sous votre contrôle que l’autre auparavant.

Et si vous allez plus loin encore, dépendant de la puissance qu’il vous reste, de la volonté qu’il vous reste à manifester dans le monde, peut être que vous découvrirez une troisième destinée, un peu comme le chat qui se découvre une vie, deux vies, trois vies. Le chat est réellement un animal qui représente très bien pour l’Homme le caractère réellement extensible de sa destinée, parce qu’il est capable de passer d’un plan à un autre, à un autre… Il est capable d’exercer une élasticité dans son expérience qui défie en général le mortel.

Mais plus les forces sociales nous étreignent, plus l’Homme devient victime d’une société qui anéantit son identité, plus il est forcé de vivre une destinée. Alors que s’il progresse de plus en plus vers lui-même, s’il se centre, s’il prend conscience, s’il se libère de ses craintes, il verra qu’il y a des souffles de vie en lui qui existent, qui pourront lui donner une seconde destinée, voir une troisième, avant de fermer les yeux, et réaliser que c’est à la mort que la vie recommence, mais une vie autre, non pas une vie astrale, mais une vie morontielle.

Savoir se réinventer demande que l’Homme puisse concevoir qu’il n’y a pas de limites en lui. Si vous ne pouvez pas concevoir une absence de limites chez vous, vous aurez de la difficulté à vous réinventer parce que les craintes vous serreront la poitrine et vous créeront l’impression que c’est votre destinée d’être “petit Homme”. Alors qu’en réalité, ce devrait être votre destinée d’être grand Homme ou plus grand Homme, ou plus, plus, plus Homme.

Moi je suis malade, j’ai de la difficulté à respirer, mes poumons ne répondent pas trop bien, un jour je peux être ici, un autre jour je peux mourir. Mais je ne peux pas vivre en fonction d’une destinée prescrite par la cassure de mon corps. Je dois vivre par rapport à une destinée qui évite de subjuguer l’être à la crainte, de subjuguer l’être à l’impuissance, afin de toujours laisser la parole libre, afin de toujours créer un mouvement limpide où l’Esprit vibre, amène quelque chose dans le monde.

Et lorsque l’Esprit aura fini ce travail, et que la première ou la deuxième, ou la troisième destinée sera finalement apparue dans l’expérience, à ce moment-là l’Esprit se retire, le corps fléchit et l’Homme est libre. Mais on ne peut pas, à cause de ce que l’on vit, à cause de nos conditions, vivre sous la loi rigide, émotionnelle, appauvrie, de ce qu’on appelle “la destinée”, c’est-à-dire la programmation. Ça fait partie de se réinventer.

Ce n’est pas parce que vous avez le cancer que vous ne pouvez pas dire quelque chose de réel. Ce n’est pas parce que vous avez le cancer que vous ne pouvez pas écrire une ligne qui demeurera dans le monde après votre mortalité. Ce n’est pas parce que le corps est souffrant que l’Esprit n’est pas en jouissance. Ce n’est pas parce que vous n’avez plus de souffle que vous n’avez plus de parole. Ce n’est pas parce que l’Homme peut, sur la courbe existentielle, mourir, qu’il ne peut pas jeter dans le monde le cri de sa liberté. Pour dire quoi ?

Pour dire que savoir se réinventer, c’est quelque chose que l’Homme doit vivre, de seconde à seconde, de moment à moment, afin de pouvoir sentir finalement dans son expérience qu’il n’est jamais éteint. Et si vous vous sentez éteints, si vos amours vous éteignent, si vos craintes vous éteignent, si vos succès manqués vous éteignent, vous avez peur d’être libres, c’est seulement la crainte qui vous crée cette impression.

C’est seulement la crainte qui vous fait croire que la destinée que vous avez est la dernière, alors que la destinée que vous avez devra être rejetée, pour finalement donner naissance à une autre qui est plus grande, plus libre, qui est une réinvention de l’ancienne, afin que vous puissiez finalement professer dans le monde que vous faites partie d’une nouvelle Humanité. FIN.

mise à jour le 21/08/2024

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