Les influences, 1988

Extrait de la vidéo 14 “Supramental et société”, 1988

Vidéo 16 – 18:35

“S’il y avait une guerre demain ou s’il y avait une affliction mondiale demain à un niveau ou à un autre, l’Homme conscient saurait quoi faire pour se protéger contre cette situation… Il serait obligé de consciemment amener sa vie à vivre un certain mouvement créatif qui le protégerait contre cette affliction, ce cataclysme.” BdM

En Français vous lisez la transcription manuelle de la vidéo short de BdM, dans une autre langue la traduction par une intelligence artificielle (AI) de cette transcription manuelle, donc le résultat est à interpréter avec discernement.

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Richard Glenn (RG) : Bonjour. Bienvenue Madame, Mademoiselle, Monsieur, abonnés au club CRÉÉ, nous traversons rapidement la cour des visiteurs et nous allons dans le temple, dans la salle 603 pour écouter un entretien sur le supramental avec Bernard de Montréal.

Bernard, comment discerner les bonnes influences des influences négatives ? Et elles sont toutes des influences ?

Bernard de Montréal (BdM) : Pour pouvoir discerner les influences, il faut absolument que l’Homme ait un mental très ajusté, c’est-à-dire que l’Homme doit avoir un minimum d’émotion dans l’esprit – sinon son intelligence est polarisée – et les influences sont des forces qui polarisent la conscience humaine, donc que ce soit des bonnes influences ou que ce soit des influences positives, ou que ce soit des influences négatives, ça demeure que ce sont des influences, c’est-à-dire des forces qui agissent sur la conscience humaine.

Et l’Homme dans sa conscience, à partir du moment où il est créatif, autonome, centrique, peut facilement utiliser les forces dans sa société, mais il les utilise d’une façon qui lui permet de les canaliser et de les amener plus loin dans leur propre évolution ; alors que si l’Homme est influencé, les forces l’impressionnent et c’est ça le danger des influences, c’est qu’on se laisse impressionner, et qu’est-ce que ça veut dire : se laisser impressionner ? C’est manquer de centricité, c’est manquer de puissance intérieure, c’est être colorable.

Pour que l’Homme se laisse impressionner, il faut qu’il soit conscient de la nature de l’impression, à ce moment-là il se laisse impressionner, ça c’est ce qu’on pourrait appeler des influences valables. Mais si l’Homme se laisse impressionner malgré lui-même, à son insu, s’il n’est pas capable de voir les conséquences de ces influences-là dans sa propre vie, comment voulez-vous qu’il les voit dans la vie de la société, comment voulez-vous qu’il les voie dans la vie de sa famille ?!

RG : Et je fais le raisonnement inverse, s’il peut percevoir les influences qu’il subit, comment peut-il faire comprendre à la société toutes les influences qui font bouger la société comme le vent fait bouger le blé ?

BdM : L’Homme conscient n’est pas intéressé à faire comprendre à la société le mouvement des influences parce que la société est le produit des influences, c’est une condition qui existe, ça fait partie de la nature de la civilisation. Mais l’Homme peut faire comprendre à l’Homme le mouvement, la nature des influences, et à partir de ce moment-là, cette conscience, cette science permet à l’Homme de s’individualiser, c’est-à-dire de voir les influences, de les réaliser, mais de ne jamais les subir malgré lui-même.

Et quand je dis malgré lui-même, je ne veux pas dire qu’il y a des influences dans notre société qui n’ont pas sur nous de force, et qui n’ont pas la capacité de nous mouvoir dans une certaine direction. Je veux dire malgré lui-même, que l’Homme doit être conscient des conséquences de ces influences-là. Je vous donne un exemple. Nous avons toutes sortes de films à la Télé, il y a des films qui, aujourd’hui, sont beaucoup axés sur la violence, le meurtre, les états policiers ou la police. Un Homme peut regarder un film tels que ceux-ci pour voir jusqu’à quel point les forces en jeu découvrent leur mécanicité.

Autrement dit un type, par exemple, qui va regarder un drame policier, va voir, il peut voir, apprécier même la complexité de tout l’appareil policier dans une ville, dans un pays ou à l’échelle mondiale, donc c’est une étude qui est valable. Il peut regarder les meurtriers, s’il est conscient il peut voir pourquoi et comment le meurtrier en est arrivé à son état, pourquoi ? Parce qu’il a été quelque part astralisé. Donc l’Homme qui est conscient et qui regarde n’importe quoi n’est jamais affecté émotivement par ce qu’il regarde.

RG : Vous avez utilisé le mot “astralisé”, est-ce que vous voulez dire encore qu’il est allé dans le monde de imaginaire, il croit à la réalité ?

BdM : “Astralisé”, ça veut dire que l’Homme est affecté par des forces au niveau subconscient, des forces qu’il ne contrôle pas, des forces qui se serviront de pensées ou du monde de la pensée.

RG : De l’imaginaire ?

BdM : À travers l’imaginaire, pour imprimer dans sa conscience une influence qui n’est pas sous son contrôle, donc qui est à son insu. L’Homme doit être, et l’Homme peut être très très conscient du monde mental qui s’actualise en lui, mais pour ce, il faut qu’il arrive graduellement, au cours de son évolution, à dépolariser son mental, à conscientiser son ego, et ainsi il n’est plus affecté par les influences. Il n’est plus infecté par les influences, il voit ce qui se passe dans le monde, il comprend la marche du monde, mais il n’est pas lui-même affecté, conditionné, entraîné malgré lui même parce qu’il a de la centricité, il a son propre gouvernail.

Le problème avec l’Homme moderne c’est qu’il n’a plus de gouvernail, et plus la société devient complexe, plus elle devient grande, plus les pouvoirs économiques jouent du pouvoir politique, moins l’Homme a la capacité de se garder le gouvernail. Et dans mon optique, l’Homme n’a jamais eu réellement de gouvernail mais auparavant c’était moins important de ne pas avoir de gouvernail, alors qu’aujourd’hui ça devient très important pour l’Homme d’avoir un gouvernail, parce qu’il est obligé maintenant de se promener sur une mer d’influences qui viennent de tous les côtés du monde, des quatre coins du monde.

Et à l’intérieur de ce mouvement qui est extrême, qui est très dynamique, qui est très puissant, il doit maintenir sa sanité, il doit maintenir son équilibre, il doit maintenir sa capacité de travailler dans une société qui devient de plus en plus influencée et influençable.

RG : Mais alors, les gens qui sont restés accrochés ou qui sont encore dans le sein de certains bateaux qui eux ont un gouvernail, je pense aux Églises, je pense à certains milieux sociaux, des castes, ou des sectes, ou des groupements sociaux qui se protègent en se gardant à l’intérieur d’une tradition, d’une idéologie, qui fait que ces gens-là semblent vraiment… Je pense… Je ne voudrais pas les nommer, mais il y a des mouvements religieux qui sont vraiment en marge des tempêtes et des malheurs de notre société, s’accrochant à des textes sacrés très très anciens…

BdM : Oui, mais ces individus-là n’ont pas de gouvernail, ils se servent du gouvernail de ces sociétés, du gouvernail communautaire. Et il ne s’agit pas pour l’Homme, en tout cas je parle de l’Homme du Verseau, de l’Homme qui vient, de l’Homme qui viendra, il ne s’agit pas pour cet Homme de s’attacher au gouvernail collectif, il s’agit d’avoir lui-même son propre gouvernail.

RG : Oui, mais dans ces cas-là, ces gens-là vous répliqueront : On est protégés par la collectivité !

BdM : On est protégés par la collectivité dans la mesure où la collectivité n’entre pas en contradiction trop avancée avec la plus grande collectivité. Autrement dit par exemple, dans les pays socialistes, la grande collectivité de l’Église a été menacée par la grande collectivité d’État. Dans les pays démocratiques, les sectes et tout ceci ont été et deviennent de plus en plus menacées par la collectivité démocratique, dans ce sens que la collectivité démocratique regarde dans ces sectes pour voir s’il n’y a pas des abus contre l’individu.

Donc vivre à l’intérieur d’une collectivité, ce n’est pas une sécurité pour l’Homme, ça peut être une oasis temporaire, mais pour l’Homme, pour l’individu, pour l’Esprit, pour l’identité, pour l’individualisation de l’être, il n’y a pas de place. Un être qui serait le moindrement individualisé, un être qui serait arrivé le moindrement à un état de conscience intégrale, qui aurait rapatrié la totalité de sa conscience ne pourrait pas vivre à l’intérieur d’une secte, ne pourrait pas vivre à l’intérieur d’une Église, pourquoi ? Parce que l’esprit d’une secte, ou l’esprit d’une Église ou l’esprit d’un fond patriotique ou d’un front nationaliste est toujours un esprit collectif.

Qu’ils servent d’oasis, oui, parce que l’individu manifeste quand même une certaine naïveté par rapport à lui-même, mais un individu dans sa totalité intégrale, qui ne vit que de son énergie créative, n’a plus besoin d’être supporté par une conscience collective qui, d’une façon ou d’une autre, va limiter ses possibilités d’expansion de conscience. Parce qu’elle est forcée cette collectivité-là, pour survivre, de s’occuper à ce que les individus n’entrent pas en contradiction avec elle.

S’il y a contradiction, la collectivité peut vivre de grands chocs, regardez ce qui se passe aujourd’hui au niveau de l’Église entre ce groupe de religieux qui retourne vers le fondamentalisme chrétien et l’Église romaine dans sa catholicité universelle. Donc, là où il y a chez l’Homme du Verseau un besoin intégral de reconnaître en lui-même le potentiel créatif de son mental, il ne peut pas y exister de conscience collective. Il peut y exister une conscience qui permet à cet individu-là de travailler ou d’œuvrer avec plusieurs individus mais toujours en gardant leur individualité intacte.

Donc là, nous retrouvons un esprit universel, nous retrouvons des êtres qui sont sur une même longueur d’onde, ça c’est un grand plaisir de l’Esprit individualisé, qui s’actualise à plusieurs unités, dans la formulation créative d’une conscience sur un plan social qui est l’expression et la continuité de cette énergie en mouvement. Mais dans une conscience collective qui restreint, soit par rapport à une doctrine, soit par rapport à un ancien testament, soit par rapport à une façon de philosophiser la vie, basée sur la mémoire historique de l’humanité, ce n’est plus suffisant. L’Homme, la conscience créatrice de l’Homme, c’est une conscience universelle, c’est-à-dire qu’elle n’a plus de fin, elle est en elle-même infinie.

Donc l’Homme a à la découvrir et l’Homme a à aller dans les tréfonds de cette réalité, dans la mesure où il est capable de supporter les nouvelles révélations de sa propre conscience, dans la mesure où il est capable, autrement dit, de supporter cette science qui est à la fine pointe de son Esprit, il est capable automatiquement de vivre en harmonie parallèle avec ce qui existe dans le monde et ne pas se troubler spirituellement ou se troubler émotivement, parce que déjà il a sa sécurité.

Un Homme qui a sa sécurité profonde, qui a une sécurité intégrale, qui n’est pas le produit de la collectivité, qui n’est pas le produit d’un tampon collectif, n’est plus menacé par la société, il n’est plus menacé par le gouvernement, il n’est plus menacé par l’État. Les gens qui sont les plus dangereux pour l’État ou les collectivités sont les gens qui vivent une sorte de fausse individualité, une individualité qui est basée sur une sorte d’émotivité, une sorte de naïveté.

Ce sont des gens qui ne connaissent pas les lois de la vie planétaire, ce sont des gens qui vivent d’une certaine imagination, et qui ont le rêve de s’exproprier d’un domaine qui ne fait pas partie de la vie. L’Homme doit vivre sur la planète, il doit regarder ce que les Hommes de l’involution créent, ont créé, l’Homme doit être – s’il est mûr, s’il est intégral, s’il est parfaitement sécure – il doit être capable d’apprécier “General Motors”, il doit être capable d’apprécier ce que les gouvernements font.

Il doit être même capable, et il devrait être capable d’apprécier ce que les systèmes policiers font pour la protection d’une grande collectivité, sinon ils vont fanatiser leur mental, ils vont émotiver leur perception du monde, et s’ils font ceci ils vont fanatiser leur conquête, ils vont fanatiser leur mouvement, ils seront obligés de s’exclure, ils seront obligés de se marginaliser.

Être marginal c’est une illusion, être marginal c’est de l’enfantillage psychologique, être marginal ça ne peut pas durer, tous les groupes ou tous les groupements qui ont été marginaux n’ont jamais pu durer, parce que pour être marginal, il faut d’abord avoir une puissance créatrice qui élimine la marginalité pour la rendre pénétrante, cette nouvelle conscience. Donc pour qu’une marginalité devienne un fait de civilisation, il faut que cette marginalité soit assise sur la conscience créatrice d’une race nouvelle, c’est-à-dire qu’une race nouvelle, dans le mouvement créatif de sa puissance interne, va se marginaliser des anciennes races, donc elle va côtoyer, elle va être “à côté de”… Et elle va continuer son propre mouvement.

Donc les Hommes du Verseau créeront sur la Terre une race mentale, c’est-à-dire qu’ils auront un esprit neuf, ceci ne veut pas dire qu’ils n’iront plus chez Eaton pour acheter du linge, ceci ne veut pas dire qu’ils n’iront plus dans les clubs boire une verre, ceci ne veut pas dire qu’ils s’excluront de réaliser le besoin d’un service policier dans une ville quelconque, ce sont des Hommes qui, au niveau de l’Esprit, seront marginaux mais non pas au niveau du comportement psychologique.

RG : Et ça ne veut pas dire non plus une race, génétiquement parlant, différente des autres ?

BdM : Non, non, non, quand je parle de races, je parle de l’expropriation catégorielle de l’Esprit par rapport à une forme, sans pour cela que la forme soit elle-même fondée sur le principe de la corporalité. Pendant l’involution il y a eu des races, il y a eu les Atlantes, il y a eu les races indo-Européennes, dont nous sommes aujourd’hui la progéniture.

Au cours de l’évolution il y aura d’autres races, mais ce sera des races mentales, on ne dira pas : “Cet Homme appartient à une race blanche ou une race noire ou une race jaune”, ce seront des Hommes de la race noire, de la race jaune, de la race blanche qui feront partie de cette race. Mais ce sera une race mentale, ce sera un esprit universalisé dans des corps de différentes couleurs mais qui ne seront plus assujettis à des lois d’involution, c’est-à-dire à des lois où l’Esprit devait d’abord se socialiser afin de devenir pragmatique. Ce sera des races où l’Esprit n’aura plus besoin de se spécialiser dans la forme pour, avec le temps, vénérer sa propre forme.

Donc cette race mentale dont parle Aurobindo, dont parlent certains maîtres, ce sera le produit de la descente de l’Esprit dans la matière, c’est-à-dire de la réunion du principe occulte universel de l’Homme, sa source, avec sa forme, mais sans que la forme devienne un facteur déterminant dans l’évolution sociétale de l’Esprit, c’est l’Esprit qui deviendra le facteur déterminant dans l’évolution individuelle de la forme.

RG : Merci, Bernard de Montréal.

mise à jour le 24/09/2024

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